- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 14 min
William Mesguich « Dans les Forêts de Sibérie »
« La société n’aime pas les ermites. Se retirer c’est prendre congé de ses semblables. Il nie la vocation de la civilisation. Il en constitue la critique vivante. Il souille le contrat social. Comment accepter cet homme qui passe la ligne et qui s’accroche au premier vent ?» (Sylvain Tesson). « Aller dans les villages, c’est apporter notre écho à la conception d’un imaginaire, à la conception d’un monde où la poésie, le rêve, vont avoir une importance capitale, fondamentale, pour justement partager, échanger, transmettre. » William Mesguich
William Mesguich ouvre la saison 2021/22 du Centre Dramatique des Villages du Haut Vaucluse, le 16 octobre, avec ‘Dans les Forêts de Sibérie’ d’après le livre de Sylvain Tesson qu’il a mis en scène et qu’il interprète. En adéquation totale avec l’ADN de ce Centre Dramatique qui se donne pour mission de colporter la culture de villes en villages, le comédien défend le texte avec passion, une fulgurance qui éclaire, ô combien, notre société en mal d’humanité, une société qui fustige la différence, le choix de la réflexion et du silence.
"Dans les forêts de Sibérie"
Rencontre avec William Mesguich, metteur en scène, comédien
Danielle Dufour Verna/Projecteur TV – Vous êtes célèbre, reconnu. Vous allez jouer ‘Dans les forêts de Sibérie’, une réflexion sur notre condition humaine, pour le Centre Dramatique des villages du Haut Vaucluse, dans un petit village de 2500 habitants, Sérignan du Comtat. Est-ce que c’est l’envie de porter la culture théâtrale partout ?
« Aller dans les villages, c’est apporter notre écho à la conception d’un imaginaire, à la conception d’un monde où la poésie, le rêve, vont avoir une importance capitale, fondamentale, pour justement partager, échanger, transmettre. »
William Mesguich – Oui, vraiment. C’est pour moi une chose absolument capitale, essentielle. J’ai par le passé, notamment avec ma compagnie, en 1999, 2002 et 2006, porté le théâtre dans les villages à travers trois grands projets. Nous sommes allés aux confins des régions, pour aller au cœur de ces villages où malheureusement parfois le théâtre se fait rare, voire n’existe pas, et où la culture, le vivant en général, ne sont pas particulièrement présents. Il y a des gens comme Le Centre Dramatique de Vaucluse avec Gilbert Barba, qui se battent. Bien sûr il y a Les Tréteaux de France, qui ont pour mission d’apporter depuis très longtemps d’apporter le théâtre dans ces lieux mais malheureusement, parfois et il faut le dire, il y a une sorte de désert culturel. Il y a des gens qui ont envie de grand spectacle, qui ont envie de poésie, de danse, de musique, qui sont un peu esseulés, isolés. Il n’y a pas forcément de volonté politique ou d’expérience. Aller dans les villages, c’est apporter notre écho à la conception d’un imaginaire, à la conception d’un monde où la poésie, le rêve, vont avoir une importance capitale, fondamentale, pour justement partager échanger transmettre et faire en sorte qu’on vive une grande aventure même si elle est éphémère car l’art du théâtre est éphémère mais il peut s’inscrire dans les cœurs, dans l’éternité et dans les consciences. Peut-être que les plus grands projets théâtraux depuis 25 ans se sont déroulés, pour moi, dans les villages, à travers ces trois grands projets itinérants que nous avions réalisés avec ma compagnie théâtrale. ‘Dans les forêts de Sibérie’ est bien accueilli partout, dans les villes comme les villages car Sylvain Tesson récuse, d’une certaine manière repousse les clignotements citadins, la violence urbaine, la surenchère commerciale pour, justement, aller du côté d’une forme d’apaisement, de solitude, de silence.
DDV – Il y avait eu un documentaire télévisé sur son histoire.
William Mesguich – Oui, il y a eu un documentaire, une bande dessinée. C’est la première fois que son texte est transcrit au théâtre. Je connais Sylvain depuis 25 ans. On s’entend très bien. Il a été très fier que je puisse porter ses mots à la scène. J’en serai peut-être à ma 125e représentation à Sérignan et je considère que ce texte a une très forte valeur qu’il prend encore plus de force dans les petits endroits parce que bien sûr, les êtres humains qui sont dans ces villages, dans ces villes, ces communes, il faut pouvoir leur dire les plus belles choses du monde et le texte de Sylvain est magnifique. C’est sans doute un écho, parce que les personnes dans les villages sont plus en rapport avec un temps qui s’écoule différemment, avec une nature qu’on appréhende d’une autre manière que celle qu’on peut envisager depuis la cité, depuis la ville. Je suis très heureux de défendre ce texte parce que, moi-même qui suis accablé, assailli, par l’urgence urbaine, par l’urgence de la vie, c’est vraiment, pour moi, à chaque fois, un dépaysement que de dire ce texte.
DDV – Ce texte, est-il, quelque part, en adéquation avec vous ?
William Mesguich - Je ne sais pas. Comme je le disais, malheureusement, depuis plusieurs années, j’ai énormément de boulot, pour mon plus grand bonheur aussi, à arpenter toutes les grandes scènes de théâtre de France, Avignon, Paris etc. et peut-être que je suis forcément un peu ‘empêché’ de trouver ce calme, se chemin un peu différent, pour justement se comporter différemment dans le monde. Je franchis le pas, théâtralement je veux dire, en allant dans cette direction alors que depuis de nombreuses années, je jouais des rôles plus violents, plus radicaux, que ce soit par exemple le personnage dans " Le dernier jour d’un condamné" de Victor Hugo, et même ‘Hamlet’ qui n’est pas un tendre, que j’avais joué sous la direction de mon père ou également ‘Le souper’ ou ‘L’entretien de M. Descartes avec M. Pascal le jeune’ que j’avais joué avec mon père qui sont des personnages apaisés, qui sont plus dans un rapport à une forme de rage, de violence, de virulence. Donc, être dans le monde de Sylvain, c’est pour moi, une expérience extraordinaire. D’abord, il écrit magnifiquement, c’est un formidable styliste de la langue française. Il a vraiment une très belle plume. Il a un savoir, une culture, des connaissances extraordinaires. Il peut aborder tous les sujets du monde avec beaucoup de délicatesse, de pertinence, d’acuité. Ça pour moi, c’est une valeur inestimable que de pouvoir compter sur quelqu’un qui a de l’intelligence. On n’est pas dans le divertissement, on n’est pas dans une chose qu’on fait entrer par une oreille et qui sort par l’autre. Il y a quelque chose d’essentiel, de profond avec son style, la forme également. Il écrit magnifiquement et il dit des choses qui nous touchent de manière universelle. Ça c’est inestimable. Je suis très heureux, vraiment, de défendre ce texte. Je suis très heureux d’aller à Sérignan.
DDV – Comment avez-vous été approché par le Centre Dramatique du Vaucluse ?
« Attention, nous sommes dans un engrenage, une surenchère commerciale, concurrentielle, avec toujours, enfin souvent, la volonté de profit, de réussite, de reconnaissance, voire de notoriété, une violence qui nous éloigne de l’essentiel qui a à voir tout simplement avec l’humain… »
William Mesguich – C’est l’un de ses deux directeurs, Gilbert Barba, qui m’a contacté. Il connaissait le spectacle et il souhaitait que je vienne le défendre dans un village près de Valréas au cœur de la programmation. Je connais Gilbert depuis quelques années. Je crois que ça a beaucoup de chance de jouer ce texte dans n’importe quel endroit du monde, ça pourrait se jouer en Inde, aux Etats-Unis, en Australie, à Sérignan, à Paris ou ailleurs. "Dans les forêts de Sibérie" aura toujours cette force pour dire, attention, nous sommes dans un engrenage, une surenchère commerciale, concurrentielle, avec toujours, enfin souvent, la volonté de profit, de réussite, de reconnaissance, voire de notoriété, une violence qui nous éloigne de l’essentiel qui a à voir tout simplement avec l’humain, avec un peu plus d’humain, avec un rapport à la beauté, à la nature, à l’ennui, au temps qui passe, qui serait différent de celui que nous appréhendons dans nos vies surchargées de contingences, de difficultés, d’obstacles. Ce texte, c’est aussi une mise en abîme personnellement de ce que j’aimerais vivre un peu plus souvent. C’est-à-dire, encore une fois, quelque chose de plus désintéressé. L’adjectif clé est peut-être celui d’apaisé. Le substantif c’est l’apaisement, c’est-à-dire utiliser une parole différente, dans un rythme différent, avec des regards différents. On est très loin de Shakespeare, de Victor Hugo, de Tchekhov, que j’adore bien sûr, ou de certains contemporains plus virulents dans leur écriture, dans leur rapport à, peut-être, une rupture, une dénonciation de la violence du monde. Sylvain le fait autrement. Il fustige celle vie dans laquelle on vit mais il n’est pas moralisateur, Sylvain Tesson. Il dit, voilà, il y a plusieurs manières de vivre, mais même dans la ville, on peut de temps en temps s’extraire de cette violence en étant un peu plus au contact de la littérature, de la poésie, de la musique, en essayant d’échapper aux réseaux sociaux, à Internet, aux écrans, à cette superficialité qu’on nous impose et qui finit par abimer les rapports humains et abimer le regard qu’on porte sur l’autre. Moi, par exemple, j’ai deux filles qui sont quand-même dans une sorte d’embrigadement lié aux écrans, aux réseaux sociaux, avec toutes leurs copines, tous leurs copains, ce ne sont pas mes filles particulièrement. C’est une violence, un tournant terrible qui nous éloigne des choses les plus incroyables qui ont à voir avec la culture.
DDV – Une société formatée ?
William Mesguich – Oui, cadrée, formatée, normalisée. C’est vrai que Sylvain Tesson dit «La société n’aime pas les ermites. Se retirer c’est prendre congé de ses semblables. Il nie la vocation de la civilisation. Il en constitue la critique vivante. Il souille le contrat social. Comment accepter cet homme qui passe la ligne et qui s’accroche au premier vent ?» Bien sûr qu’il faut aussi s’inscrire dans une continuité, une forme de modernité. Mais est-ce que la modernité ce n’est pas de regarder un sublime paysage en écoutant Mozart et en lisant Baudelaire ? Est-ce que la modernité passe par cette surenchère ?
DDV – La modernité ne serait-elle pas d’être différent ?
« On est, d’une certaine manière, en abimant la culture, conditionnés, comme empêchés. »
William Mesguich – Peut-être, tout simplement, voilà. Heureusement il y a de la résistance, comme Le Centre Dramatique du Vaucluse, heureusement, et les théâtraux, les gens de la culture, comme Richard Martin, Serge Barbuscia, que j’aime beaucoup, et d’autres. C’est le poil à gratter de certains décideurs politiques. Ce sont des gens qui essaient de porter des paroles chaudes, des paroles complètement libres, qui font de la résistance, dont on a absolument besoin pour échapper à la vulgarisation des choses, à l’ignorance, je dirais même à une arrogance de l’ignorance. Plus on est terre d’accueil du savoir, de la connaissance, du monde dans lequel on vit, on se comporte mieux avec soi-même, avec l’autre, avec la nature, avec les animaux, avec l’histoire de cette humanité. Alors que si on est dans une ignorance, on la tue, cette humanité, on la violente. On va s’exorciser et elle finira par s’écrouler. On sait bien que les gens de culture sont les gens qui peuvent éclairer, entrainer sur une voie différente, faire appréhender le monde différemment pour avoir une sorte de distance, de recul, qui permet de mieux se comporter, de réagir. Alors que là, on est, d’une certaine manière, en abimant la culture, conditionnés, comme empêchés. Je déteste ce mot de complotisme. Je ne dirai pas qu’il y a une sorte de machination, pas du tout. Par contre il est vrai qu’il faut continuer de résister, de se battre. Vous me demandiez si ce texte me correspond. D’une certaine manière, je suis en adéquation.
DDV – Il correspond à ce que vous souhaitez, avec l’idée…
«Beaucoup de gens me disent : « Qu’est-ce que j’aimerais partir sur le lac Baïkal, si loin… »
William Mesguich – Voilà, exactement, avec l’idée du personnage. Il m’est arrivé, ces derniers temps, avec tous les malheurs liés à l’épidémie, d’essayer de me replier un peu, sur moi-même, absolument. J’étais quand-même ouvert sur le monde et sur les autres, mais d’essayer de trouver un chemin un peu différent. Je vais faire une lecture d’un texte de Sylvain Tesson à Rognac, près d’Aix-en-Provence puisque ma compagnie est en résidence pour trois mois dans cette ville. Je connais bien l’écriture de Tesson et c’est une très belle pensée, magnifique et je suis toujours très heureux de défendre ces mots-là parce que de cette manière-là, je les souhaite, et je souhaite que le plus grand nombre les entende. Quand j’ai joué le spectacle « Dans les Forêts de Sibérie » à la Huchette, au Poche Montparnasse ou à Avignon cet été, il y a chaque fois un écho incroyable où beaucoup de gens me disent : « Qu’est-ce que j’aimerais partir sur le lac Baïkal, si loin. » Mais voilà, on n’a pas toujours le courage, la possibilité, et parfois les moyens parce qu’il faut bien travailler…
DDV – C’est formidable d’amener le théâtre dans les petits lieux, dans les villages, mais ce texte doit parler énormément aux gens de la ville qui ont un ras-le-bol de cette civilisation qui les enferme, de ces va-et-vient, de cette foule.
William Mesguich – Vous avez raison. Je joue le spectacle tous les lundis au Poche Montparnasse jusqu’à la fin du mois de décembre. Quand les gens sortent, je les attends pour dire au-revoir et croiser leurs regards. Souvent, les gens remercient vraiment de leur avoir adressé ce spectacle. Ce sont des gens qui parfois connaissent l’écriture de Tesson, parfois pas, qui viennent parfois par curiosité et j’ai vraiment de nombreux témoignages de remerciement. J’ai pu me rendre compte depuis maintenant plus de deux ans, après avoir goûté cette pensée, ils rêvent de vivre l’aventure de Sylvain Tesson. Il y en a qui arrivent à le faire.
DDV – C’est également une leçon d’humanisme…
« Le temps est passé. La moindre des politesses est de le laisser passer. »
William Mesguich – Oui, c’est cela, de notre rapport au temps qui passe. Il le dit très joliment Sylvain Tesson : « Le temps est passé » et on se dit, c’est une catastrophe comme le pensent beaucoup de gens, que le temps qui passe abime. Il abime un peu mais il est aussi magnifique. Juste après, Tesson dit : « La moindre des politesses est de le laisser passer. » Je trouve ça très beau. Il faut vivre avec et le célébrer parce que l’humanité continue, perdure et si on voulait le retenir, on irait dans le mur. Il faut faire ce chemin-là qui finira par devenir un plaisir.
DDV – Les projets ?
William Mesguich – On va aller jouer à Aix-en-Provence, au Jeu de Paume, avec mon père. Je vais jouer à Rognac, à Monaco, à Grasse…
DDV- Et Marseille, où votre père, admirable comédien lui aussi, a débarqué en 1962 ?
William Mesguich –Mon père et moi avons une relation très forte au Sud et particulièrement à Marseille.
DDV – Qu’est-ce que ça fait de jouer avec son père ?
« On adore jouer ensemble. Je crois qu’il est extrêmement fier de mon parcours »
William Mesguich – C’est toujours un grand bonheur. J’ai beaucoup d’admiration pour lui, et je crois qu’il en a pour moi. Son regard tendre et admiratif qu’il a toujours eu pour moi s’est affirmé ces dernières années, il y a un certain temps, à partir du moment où j’ai montré que je faisais mon chemin, que j’étais capable de résister aux contingences, de les surmonter et que j’aimais ce que je faisais. Je crois qu’il est extrêmement fier. On adore jouer ensemble. On joue ‘Le souper’ ensemble à Rognac. On va jouer dans une quinzaine de villes cette année. Puis on ira à Avignon cet été avec "Le Souper", mais on jouera également sur le même créneau le ‘Pascal et Descartes’, un entretien des deux philosophes qu’on avait fait en Avignon, un jour pair un jour impair, ce qu’on adore jouer ensemble. On adore se retrouver, très complices. Ensemble on est très intime évidemment, on se connait par cœur. C’est plus facile pour moi de jouer en duo avec mon père que d’être sous sa direction, d’être mis en scène. Il est le regard extérieur, lucide et il est très fort, il a beaucoup d’expérience.
DDV – Et le cinéma ?
‘Entre nous’ sort au mois de mars.
William Mesguich – J’ai tourné dans le dernier film de Jean-François Thévenin, mort il y a quelques semaines et qui sortira au mois de mars. Ça s’appelle ‘Entre nous’. Je vais peut-être tourner dans un autre film. Le cinéma, c’est autre chose. J’ai une passion pour la relation immédiate entre les artistes et les spectateurs. Le filtre de l’écran, de la caméra, c’est autre chose. Mon chemin, c’était quand-même d’aller vers le théâtre et depuis 25 ans, j’ai eu cette chance. Je suis très heureux de ce qui se passe. J’aime le théâtre, j’aime les gens, j’aime la vie. Quand je suis sur un plateau, j’ai l’impression d’être tellement à l’aise, même s’il y a des moments difficiles parfois dans les répétitions, mais quel bonheur de pouvoir inventer, de pouvoir créer.
DDV – Ma dernière question, quelle est votre conception du bonheur ?
« Aujourd’hui, je n’ai nui à aucun être vivant de cette planète… Ne pas nuire, ne pas nuire. »
William Mesguich – (rires) Oh, ce n’est pas facile ça ! "Dans les forêts de Sibérie", à un moment donné, Tesson dit : « Aujourd’hui, je n’ai nui à aucun être vivant de cette planète. » Et il ajoute « Ne pas nuire, ne pas nuire. » Il le répète. Effectivement, je ne dirai pas que c’est cela ma conception du bonheur mais d’une certaine manière. Si on pouvait éliminer la misère, les guerres, la violence conjugale, les vengeances, les trahisons, je serais moi-même très heureux. Je suis, comme beaucoup de gens, un peu triste de l’état du monde. J’ai surtout fait du théâtre pour me rapprocher d’un idéal, pour m’améliorer, moi personnellement bien sûr, et, d’une certaine manière, améliorer le monde, tenter d’apporter l’écho, modestement, de la construction d’un imaginaire, des gens, d’une pensée, pour aller vers les plus belles choses du monde et ne pas s’arrêter à l’ignorance et à la destruction, à la volonté d’en découdre avec les uns et les autres. Et puis, la bienveillance, la gentillesse, l’intelligence ; ce sont des choses qui, je l’espère, m’animent et m’animeront jusqu’à la fin de mes jours. J’essaie de porter cette chose-là.