- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 8 min
Emmanuelle Stephan fait chanter son piano et nous enchante
Transmettre l’histoire qui se cache derrière la musique, l’émotion romantique, la poésie … C’est ce que souhaite partager entre chaque note, la pianiste Emmanuelle Stephan avec son public. Rencontre avec une étoile très montante.
Le jeu de piano séduisant d’Emmanuelle Stephan en soliste ou à quatre mains
« La musique commence là où s’arrête le pouvoir des mots. » Richard Wagner.
C’est cette citation qui accueille le lecteur sur un site internet consacré à Emmanuelle Stephan. C’est cependant avec des mots que la concertiste a accepté notre interview. Et les mots de cette jeune, brillante et talentueuse pianiste, prononcés d’une voix douce, sont déjà musique. Seule, ou avec un partenaire musical de l’envergure de Gabriel Tacchino, le piano d’Emmanuelle Stephan chante et enchante.
Lauréate de concours dès son plus jeune âge (1er Prix du Concours de l'Académie Musicale de France, Clé d'Or de l'Association d'Expression Musicale Francilienne), débutant ses études de piano au Conservatoire de Musique de Luxembourg, Emmanuelle Stephan se perfectionnera pendant deux ans dans la classe supérieure du Professeur Assaff Weisman à la Juilliard School de New York. Durant ses années d'études, elle travaillera également avec Lilya Zilberstein à la Musikhochschule de Vienne.
Ses récitals et concerts récents l’ont amenée à voyager en Chine et en Europe, notamment à Luxembourg dans le cadre des séries du Cercle Culturel des Communautés Européennes, du Centre Culturel Altrimenti et au Conservatoire, en France au Festival des « Nuits musicales de Notre-Dame de Vie » et « Un Hiver en Musique » (Mougins), Festival « Clef de Soleil » de Lille, « Rendez-Vous du Piano » (Nice), en Allemagne à la Maison Robert-Schumann (“Katholische Akademie”) de Trèves, en Belgique, en Italie. En 2015, elle a interprété Poulenc, Debussy et Chopin en Chine, dans le cadre des séries de concerts Star Pearl Éducation - New Pearl Education - Nouvelle Star.
Emmanuelle se revendique de deux Ecoles du Piano, dont elle puise l’inspiration à la source auprès de Grands Maîtres qui sont la mémoire d’une authentique tradition d’interprétation.
École russe : Ayant débuté le piano par l’École Russe avec Yuri Klempert, élève d'Isaac Zetel, lui-même élève du très célèbre professeur russe Heinrich Neuhaus fondateur de l'École Russe du Piano, Emmanuelle se perfectionne aussi à la Musikhochschule de Vienne en prenant les conseils de la grande pianiste russe Lilya Zilberstein, reconnue comme l’interprète de référence pour Rachmaninoff. Lilya Zilberstein a été élève d’Alexandre Satz (qui fut le professeur assistant d’Heinrich Neuhaus à l’Ecole de Moscou).
École française : Emmanuelle continue de suivre à la Schola Cantorum de Paris des masterclasses auprès de Gabriel Tacchino, qui fut lui-même élève de Marguerite Long, de Jacques Février et l’unique élève de Françis Poulenc dont il est l’interprète de référence. Elle s’imprègne profondément de la tradition de l’Ecole Française en entendant les oeuvres de Satie, Fauré, Ravel, Saint-Saëns, Poulenc, … telles qu’interprétées par Gabriel Tacchino, et ses amis notamment Bruno Rigutto et Anne Queffelec.
Notre interview avec la pianiste Emmanuelle Stephan
Projecteur TV-Danielle Dufour-Verna – Parlez-moi de vous
Emmanuelle Stephan – Je suis pianiste concertiste. J’ai étudié au Conservatoire du Luxembourg, à Vienne, à la Juilliard School, et je joue actuellement en France et à l’étranger dans différents ensembles, soit seule, soit en duo avec Gabriel Tacchino, parfois avec orchestre comme l’an passé au Brésil.
DDV – Qu’est-ce-qui vous a amené à la musique ?
Emmanuelle Stephan – La musique s’est imposée à moi en fait, comme une attraction. Je n’ai pas été spécialement amené à la musique car je ne suis pas née dans une famille de musiciens mais mes parents étaient très mélomanes. Ils adoraient toute sorte de musique. Pour eux également, la musique, c’était vital. Ils voulaient absolument que nous ayons, ma sœur et moi, cette chance de jouer d’un instrument de musique. C’est de cette façon que j’ai été amenée à la musique, mais la passion s’est imposée à moi.
DDV – Qu’est-ce qui vous attire hors la musique ?
Emmanuelle Stephan – La nature, la poésie, tout ce qui est beau en fait. Je vois la vie comme quelque chose qu’il faut embellir, rendre le quotidien le meilleur et le plus beau possible.
Transmettre l’histoire qui se cache derrière la musique
DDV – À part la beauté de la partition que vous interprétez, que voulez-vous transmettre ?
Emmanuelle Stephan – Des émotions, des images, tout ce qui peut toucher le spectateur. Qu’il ne reste pas impassible, qu’il comprenne l’histoire qui se cache derrière la musique, le ressenti du compositeur qui parfois peut s’inspirer d’un poème ou d’un roman. Debussy s’inspire souvent d’images. Je veux transmettre ce qu’il y a derrière la musique, entre les notes. Pour Chopin par exemple, il y a beaucoup d’émotion romantique, de passion, énormément de subtilités. Il aimait beaucoup l’art lyrique. C’est la beauté du chant lyrique derrière la musique de piano qu’il faut essayer de rendre au maximum
Une rencontre avec le pianiste Gabriel Tacchino
DDV – Comment s’est faite votre rencontre avec Gabriel Tacchino ? Préférez-vous jouer avec lui en duo ? Est-ce-que cela comble cette solitude de la soliste au piano ou est-ce simplement fortuit ?
Emmanuelle Stephan – La rencontre s’est faite à la Schola Cantorum pour mon perfectionnement quand j’ai voulu travailler particulièrement la musique française car j’adore Poulenc. C’est comme cela que nous avons commencé à travailler ensemble sur les œuvres. Je pense qu’effectivement c’est chouette d’avoir des rencontres avec des musiciens. On peut avoir un ensemble avec lequel on joue fréquemment, avec lequel on répète très souvent comme c’est le cas pour moi avec Gabriel Tacchino dans ce duo, des rencontres ponctuelles avec des musiciens avec lesquels on prépare juste un projet comme avec l’orchestre au Brésil. C’est vrai que jouer ensemble complète le jeu du soliste. J’aime beaucoup les deux.
DDV –Quelle est votre actualité musicale ?
Emmanuelle Stephan – Je reviens d’un récital près d’Orange, j’ai joué dans les Nuits Lyriques au Ventoux, un récital qui commençait par du Debussy, puis Chopin et Schubert. Samedi 12 septembre 2020, sur France Musique ‘Génération France-Musique le live’, à 16 heures, dans cette émission diffusée en direct, je serai au piano avec Gabriel Tacchino. Nous interprèterons Ravel, Saint-Saens et Grieg, des œuvres très connues du public. À Paris, au Théâtre de l’Alliance française, l’émission est ouverte au public.
DDV – Gabriel Tacchino a été, il me semble, élève de Francis Poulenc…
Emmanuelle Stephan – Oui, c’est une grande chance de jouer du Poulenc avec Gabriel Tacchino, unique élève du compositeur. Son dernier disque est paru sur Warner Classique il y a deux ans.
DDV – Et au niveau de l’interprétation, difficile de s’adapter à ‘l’autre’ ?
Emmanuelle Stephan – Quand on joue à quatre mains, il faut que ça se marrie, que cela soit harmonieux. Avec Gabriel Tacchino, pour le quatre mains, cela n’a jamais été difficile. Le fait qu’il m’ait proposé de faire ce duo avec lui, c’est en partie parce qu’il appréciait ma musicalité et c’est vrai que lorsque nous nous mettons au piano, on est, la plupart du temps, d’accord sur les phrasés, la façon de ressentir les tempi. Quand on travaille longtemps et dans le détail on a parfois quelques petites divergences et on doit se mettre d’accord mais globalement on a vraiment la même musicalité, la même approche.
DDV – un disque en vue ?
Emmanuelle Stephan – J’ai un projet en cours en piano solo et un autre en ce qui concerne le duo avec Gabriel Tacchino.
DDV – Combien d’heures par jour êtes-vous à votre piano ?
Emmanuelle Stephan – C’est vraiment une discipline qui demande beaucoup d’heures. Cela dépend des jours, mais environ six heures quotidiennement. Les musiciens sont toujours à l’affût du temps. On travaille même le week-end etc.
DDV – Quelle est votre idée du bonheur ?
Emmanuelle Stephan – La musique et les chats (elle rit). C’est faire les choses que l’on aime, faire des choses qui ont du sens pour soi.
Prochaines dates d'actualités musicales de la pianiste Emmanuelle Stephan
le 12 septembre à Paris pour l'émission Générations France Musique Le Live
le 4 octobre à 17h aux Musicales de Saint-Léger
le 17 octobre à Mulhouse : Heures Musicales de Saint-Étienne
le 31 janvier à 15h au Musée Chagall de Nice
en Février à Paris "Autour du Piano de Poulenc"
en Mars au "Festival Francis Poulenc" de Bagnols-en-Forêt
en Avril au "Festival Musica Nigella" du Touquet
en Août à Limoges à la Chartreuse de Montcigoux
NB : Une immense qualité d’Emmanuelle sur laquelle nous voulons insister, c’est la générosité. Cette jeune pianiste fait partie de cette génération d’artistes qui ont l’amour de l’humanité chevillée au corps et qui redonnent espoir à notre société. En effet, les 1820 euros récoltés lors de son dernier récital serviront à la construction d’une école dans un bidonville de Madagascar. Qu’on se le dise !