- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 11 min
Édouard Dosseto Comédien, Ingénieur, Chercheur, avec Pablo Chevalier, le génie en alter-egaux !
Regards croisés sur un jeune talent de génie, Édouard Dosseto, metteur en scène, réalisateur et interprète, artistes aux multiples facettes. Après le succès de son court métrage, “Cyrano aux tranchées” aux nombreuses récompenses, les deux artistes et amis, Pablo et Édouard, se lancent dans une nouvelle aventure théâtrale “Pour un oui ou pour un non” de Nathalie Sarraute.
Découverte de talents : après Cyrano aux Tranchées, Pour un oui ou pour un non, avec Édouard Dosseto, comédien, metteur en scène et réalisateur, et Pablo Chevalier comédien.
Magistral et Multiple, la culture en étendard
Avec, dans des secteurs clés, des jeunes gens de la carrure d’Édouard Dosseto, le monde se porterait mieux. Polyvalent ou multiple, au choix, car il allie ses talents d’Ingénieur à ceux de comédien et metteur-en-scène. Magistral, non pas, en clin d’œil à ses parents tous deux brillants avocats, mais par le talent qui jaillit de lui aussi bien dans sa carrière théâtrale que dans sa vie professionnelle. On ajoutera humaniste, généreux, brillant et humble. Que de qualités pour un seul homme nous direz-vous ! C’est pour cela que, alors que la COVID 19 et les mesures qui s’y attachent bâillonnent la culture, que Projecteurtv.com a choisi de mettre en valeur Édouard Dosseto, un jeune homme qui a choisi de lutter pour la protection de l’environnement tout en partageant sa passion pour le théâtre et le court-métrage, passion maintes fois justement récompensée en France comme à l’étranger.
Édouard Dosseto, Prodigieux, Passionné, Passionnant
« Je suis jeune il est vrai, mais aux âmes bien nées, la valeur n’attend pas le nombre des années… » (Pierre Corneille-Le Cid)
Valeureux Édouard Dosseto, certes, car on imagine l’abnégation, la somme de travail, les loisirs sacrifiés. Son ami, Pablo Chevalier, lui-même comédien, dit de lui qu’il est « Une machine de guerre et un brillant cerveau de la recherche. » Mais pour parvenir à ce résultat, il fallait cette passion qui le transcende et qu’il communique à tous ceux qui le côtoient. Pour l’avoir rencontré à plusieurs reprises lors de représentations théâtrales, ou lors de la projection de son sublime et fascinant court-métrage « Cyrano aux tranchées » aux récompenses innombrables, nous pouvons certifier à nos lecteurs qu’Édouard Dossetto est un magnifique jeune homme, ouvert, lumineux, chaleureux, qui affronte la vie la tête pleine et le sourire aux lèvres.
Un parcours prodigieux
Ingénieur du Corps des Ponts, des Eaux et Forêts, et ancien élève de l’École Normale Supérieure - reçu major de l'agrégation de Sciences Industrielles de l'Ingénieur (Mécanique, 2013) - et de l'École Polytechnique (Master Énergies Renouvelables), Édouard mène une carrière de recherche (doctorat en économie-climat à la Sorbonne) et d’artiste (comédien - danseur). Formé en Core Business Skills par le Stanford Ignite Program et passionné de théâtre, il est lauréat du Start up Week End Culture en 2016 (Prix Coup de Cœur du Jury), et poursuit depuis son double parcours en réalisant des court-métrages (Cyrano aux tranchées en 2019, teasers de Jambon-Laissé ou Hamlet, jouée au Théâtre de Ménilmontant en juin 2018), et en développant ses recherches sur les aspects pédagogiques et scientifiques du lien entre Physique Quantique et Art Dramatique.
Engagé dans la protection de l'environnement, il travaille actuellement comme adjoint à la cheffe du bureau Changement Climatique et Maîtrise de l'Énergie au Ministère de la Transition Energétique et Solidaire, en parallèle de sa dernière année de thèse sous la direction de Gaël Giraud et Christophe Chorro, qui l'amenait en 2019 à travailler à Columbia University sur l'invitation du Professeur Joseph E. Stiglitz.
Comédien-chercheur, formé au Cours Simon (2016) et reçu au Conservatoire à Rayonnement Régional de Paris en Art Dramatique, Édouard développe un travail sur le corps à travers la danse contemporaine (notamment avec l’atelier Nadia Vadori-Gauthier) et sur les liens entre Physique (Quantique) et Théâtre. Il joue dans divers projets en Île-de-France (Miroslav, Les fourberies de Scapin, Th. de Fontenay-le Fleury) et en tournée (L’invitation au château, J. Annouilh, Cie Oxygène) en parallèle d’une thèse de doctorat en climate change economics qu’il mène à Panthéon Sorbonne, L'invitation au château d'Anouilh au Théâtre Toursky, La Leçon de Ionesco en Avignon, Petite, une création contemporaine d'Ariane Louis au Lavoir Moderne Parisien.
« Pour un oui, pour un non » de Nathalie Sarraute
En novembre, Édouard Dossetto devait être l’interprète de Pour un oui ou pour un non de Nathalie Sarraute, pour une série de dates au Théâtre Lepic (Paris 18e) avant de se lancer dans une création contemporaine sur les impressionnistes. Covid 19 oblige, les représentations sont annulées. Nous avons rencontré Pablo Chevalier, brillant acteur qui lui donne la réplique dans cette pièce.
Interview de Pablo Chevalier, comédien chevronné
Projecteur TV – Danielle Dufour-Verna -Bonjour Pablo. Vous êtes comédien et donnez la réplique à Edouard Dosseto dans « Pour un oui pour un non » de Nathalie Sarraute. Il a préféré que ce soit vous qui nous parliez de la pièce. Parlez-nous de vous, et de lui.
« Faire « jouir » les mots »
Pablo Chevalier - Je m’appelle Pablo Chevalier. Je viens de Brive la Gaillarde en Corrèze et j’ai 30 ans. ‘Pour un oui pour un non’ est une magnifique pièce que nous devions jouer à Paris et dont les représentations, pour les raisons que vous savez, ont été annulées.
C’est une pièce que j’ai découverte avec Édouard Dosseto par ce metteur-en-scène, Bruno Dairou, qui nous l’a proposé. Il nous l’a faite lire et je l’ai vraiment adorée, un vrai coup de cœur pour moi. Ce sont deux amis qui se disputent. Il y a une petite bagarre permanente entre eux sur un fond de vérité. L’un a plus d’argent, l’autre moins. L’un est un peu plus vrai que l’autre. C’est une pièce qui pense à tout le monde. On pense que c’est tous les jours la même chose. À la base, l’un des deux a eu une petite réussite personnelle et son ami lui a dit : « Ah c’est bien ça ! ». Tout est parti de ce « C’est bien ça ». C’est à la base une pièce radiophonique qui est basée sur le texte, énormément fondée sur de l’esprit, des envolées, des joutes verbales. C’est une pièce écrite pour les mots, pour faire jouir (il rit) non, jouer les mots.
DDV – « Faire jouir les mots » un lapsus que je trouve au contraire très beau. La pièce peut donc se passer de décor…
Pablo Chevalier : Ça se passe complètement de décor. Quand on connait ‘Art’ de Yasmina Reza, cette pièce Pour un oui pour un non de Nathalie Sarraute, c’est un peu la même idée. Art, ce sont trois amis qui s’embrouillent pour un tableau blanc, là ce sont deux amis qui s’embrouillent pour un mot, une pensée un peu vaniteuse envers l’autre. La pièce devait être jouée pour dix représentations, du 29 octobre au 17 décembre, au théâtre Lepic à Paris, à Montmartre. Le théâtre nous a promis une possible reprogrammation. Au mieux on joue en janvier car décembre est totalement compromis.
Avec Édouard, nous avons fait nos armes ensemble au cours Simon. Nous avons joué à plusieurs reprises ensemble et je suis le poilu principal dans son court-métrage Cyrano aux Tranchées. Nous avons ensemble un projet sur les impressionnistes, une pièce qu’un ami a écrite et que nous jouerons ensemble, La vie de Bazille, peintre, ami de Renoir et Monet, mort au combat en 1870.
DDV - Ce prénom espagnol Pablo…
Pablo Chevalier : Ma mère est peintre, c’est pour ça que c’est Pablo. C’est pour Picasso ou pour Neruda, mais sans prétention ce sera pour Picasso.
DDV - Parlez-moi d’Édouard Dosseto
« Une machine de guerre, un brillant cerveau de la recherche »
« Edouard est pour moi une utopie de ce que j’aurais dû être… »
Pablo Chevalier : Édouard est une machine de guerre du travail, un brillant cerveau de la recherche. Je reste sur mon domaine, le théâtre, mais il est à la fois sur tellement de domaines que c’en est stupéfiant. Edouard est, pour moi, une utopie de ce que j’aurais dû être si je m’étais privée de joie de vivre entre parenthèses. J’exagère évidemment. Ce qui est merveilleux avec lui et c’est ce que j’admire encore plus, c’est qu’il m’estime malgré sa réussite exceptionnelle.
DDV - L’amitié n’a rien à voir avec la réussite. Je crois savoir qu’Édouard Dosseto est un fidèle en amitié…
Pablo Chevalier - Dans l’estime, il y a l’amitié évidemment. Nous sommes amis au-delà de ce qu’il est, de ce qu’il a fait, des gens avec lesquels il travaille, des gens qu’il fréquente etc. ça me plait, ça me tire. Ce que j’aime bien dire, c’est qu’on a deux manières d’arriver au sommet, mais on n’y arrive pas de la même manière. Ce qui nous a touché tous les deux, c’est quand on s’y est retrouvé plusieurs fois, on a apprécié d’y être ensemble malgré nos grosses différences. Je pense qu’on peut même se compléter un petit peu. C’est ce qui fonctionne en tous cas dans la pièce ‘Pour un oui, pour un non’.
DDV - la Covid a terriblement touché le théâtre, la culture…
Pablo Chevalier - Ça nous rend plus fort..
DDV - La culture est bâillonnée en ce moment ?
« J’ai besoin de jouer, de vivre, d’être heureux »
Pablo Chevalier - Elle est bâillonnée. On a toujours l’impression qu’elle est bâillonnée. Si ce n’est pas le Covid, c’est la société, si ce n’est pas la société…. C’est donc à nous de faire en sorte de nous exprimer, de trouver toujours le moyen que ce soit en période de guerre, de covid ou de paix, il faut toujours trouver le moyen de se faire entendre de la meilleure des manières et de toucher un maximum de personnes. Le problème c’est que là on ne touche personne et ça commence à peser. Ça me pèse personnellement dans ma vie de ne pas jouer, de ne pas transmettre. Je suis là, depuis plus d’un an, uniquement surveillant de lycée, ou uniquement cuisinier, et je sens que j’en suis malheureux. J’ai besoin de jouer, de vivre, d’être heureux.
J’aime tous les théâtres, mais je préfère le théâtre à la Vilar, le théâtre populaire. Jouer des classiques, Hamlet par exemple pour le peuple, c’est génial comme en Avignon, l’an dernier où nous jouions avec Édouard une autre pièce ‘La leçon’ d’Eugène Ionesco.
DDV - Quelle est votre définition du bonheur ?
« Ce qui est beau avec ce métier, c’est qu’on peut rêver tous les jours. »
Pablo Chevalier - Ce serait un rapport avec tous les jours. Je ne vais pas dire Carpe diem pour ne pas être dans le cliché. Mais vraiment essayer d’être heureux tous les jours. Ça serait ça le bonheur. Avoir des moments de grâce, des moments où je respire la vie même si c’est deux minutes, même si c’est dix secondes, où le soleil est là ; il y a un oiseau qui passe…
Ce qui est beau avec ce métier c’est qu’on peut rêver tous les jours et malgré le fait qu’on ne joue pas, ça ne nous empêche pas de rêver, même si c’est difficile.
Photo à la Une : les comédiens Pablo Chevalier et Édouard Dosseto dans la pièce de théâtre "Pour un oui ou pour un non" de Nathalie Sarraute. © Jean-Jacques Peroni