- Auteur Philippe Dejardin
- Temps de lecture 7 min
Le son d’Alex (Jaffray) est devenu un spectacle !
Alex Jaffray a repris le titre de sa chronique dans Télématin sur France 2 pour en faire un véritable spectacle.. Le personnage révèle un stand up encore plus hilarant où il se raconte – il est aussi compositeur de musique de films et d’identités sonores et nous dévoile quelques secrets sur la création musicale…
Rencontre avec Alex Jaffray lors de son passage à Cannes, pour le son d'Alex, sur la terrasse du palais des festivals dans le cadre du festival d'humour Perfomance d’Acteur.
Alex Jaffray, le "Zébulon" de la vulgarisation musicale
Pour la très grande majorité du public, notamment celui qui est venu le voir sur la terrasse du palais des festivals, Alex Jaffray c’est ce chroniqueur légèrement iconoclaste que l’on retrouve – depuis près de vingt ans- dans Télématin sur France 2. Quand il se présente pour nous parler des sorties musicales, il arrive à mettre quelques notes d’humour. Mais il est hors de portée de tous les autres dans sa vulgarisation de la musique, dans ces explications surprenantes sur l’origine ou la composition de certains titres. En moins de trois minutes, nous nous retrouvons dans une mise en scène à l’intérieur de son studio , très souvent avec sa boîte magique aux touches multicolores, son sampler et … sans reproche (cours d’histoire). Je ne peux pas m’empêcher de penser à une réincarnation du personnage de Zébulon, ce personnage monté sur ressorts, créé par Serge Danot et apparu pour la première fois en octobre 1964 à la télévision dans Le manège enchanté.
Expliquer ou faire découvrir la musique en se marrant, c’est son violon d’Ingres et même plus à travers son spectacle Le son d’Alex,(titre de sa chronique sur France 2) bien orchestré car il connaît la « musique ». Une partition très bien écrite où il mélange habilement le stand-up et son histoire personnelle plutôt que de se contenter de mettre bout à bout chacune de ses interventions télévisuelles. Il parvient également à toucher nos cordes sensibles mais lorsqu’il évoque Ennio Morricone, Alex Jaffray n’arrive pas à dissimuler les trémolos dans sa voix, c’est la fin du spectacle. Il descend de la scène pour rencontrer les spectateurs et spectatrices (on a entendu des « Alex on t’aime » pendant le spectacle.
Notre interview avec Alex Jaffray
En Sortie du spectacle " Le son d'Alex "
Projecteur TV.com - Philippe Dejardin : Cet amour de la musique, comment est-il arrivé ?
Alex Jaffray : Chez mes grands-parents. Il y avait trois disques essentiels. Un sur les bruitages de trains, les locomotives car mon grand-père était un ancien cheminot. Je peux vous dire que je suis quasi incollable pour reconnaître les machines à vapeur (rires) . Un de « Jean-Seb »le patron (NDLR. Jean-Sébastien Bach, le patron de la musique selon Alex et quelques autres) et le dernier, un compilation d’Ennio Morricone dont Le Casse. C’est en écoutant celui-ci que je me suis demandé comment cette musique pouvait générer autant d’énergie. C’est cela qui m’a donné envie de faire ce métier (celui de compositeur). J’ai commencé par le piano à 6 ans, un bon moyen pour lutter contre le trac et la dyslexie mais je suis surtout un autodidacte et très vite j’ai travaillé tout seul en apprenant encore plus.
D’autres musiciens dans la famille?
Alex Jaffray : Mon grand-père paternel était chef de l’harmonie à Pontoise (95), musicien autodidacte aussi… Ma tante est claveciniste et organiste . J’attends qu’elle entende la blague sur les clavecinistes de mon spectacle. Mon regretté papa jouait du trombone mais il n’y avait aucun pro de la musique, à part ma tante et moi. Mais c’est vrai qu’il y a de la musique dans la famille.
Pour le public, vous êtes le chroniqueur musical de Télématin, c’est là que l’on vous a découvert...
Alex Jaffray : Avant de faire Télématin, j’ai fait beaucoup d’émissions sur MCM, j’interviewais des musiciens. En fait je faisais la même chose qu’à Télématin mais avec des petits moyens. Nous n’avions pas accès à Sting mais à son batteur… C’était drôle d’aller rencontrer les musiciens des vedettes. Vingt ans après, j’ai eu la chance de les rencontrer, les vedettes, à force de travail, de chance et de changer de crémerie. En vingt ans ça a bien changé, à force de faire deux à trois chroniques par semaine, j’ai appris mon métier, j’ai pris un peu d’assurance (rires).
J’ai l’impression que le public a découvert que vous aviez également composé de nombreux génériques d’émissions et un certain nombre d’identités musicales.
Alex Jaffray : Cela fait vingt cinq ans que je fais cela à travers une structure que j’ai montée, on fait beaucoup de musiques, c’est extrêmement intéressant. Pour les identités musicales, nous sommes à l’origine de celles de TF1, TFX, France 2, la BNP, Citröen… Notre agence sonore (NDLR : Start Rec) commence à être une assez belle machine… ( il s’arrête car son téléphone vibre « Ah ha, tout le monde m’appelle, c’est chouette...» et on reprend)
Mais vous êtes également un compositeur de musique de films, des débuts marqués en 95 par celle Des hommes et des bas puis Francorusse (97) pour décrocher un Prix à La Rochelle (2012).
Alex Jaffray : Ah , ce premier film avec Pascal Chaumeil, Des Hommes et des bas , c’était chouette . Après il m’a rappelé pour faire celle de l’Arnacoeur (2010). Dans ce métier in faut bien commencer pour apprendre. Au Festival du film de La Rochelle, c’est le Prix de la meilleure musique de film pour Il était une fois… peut-être pas de Charles Nemes, qui avait fait La tour Montparnasse infernale. On a fait quatre ou cinq films avec lui. Ce film, primé à La Rochelle est très beau, très touchant. Un film poignant avec beaucoup de musique… J’étais très content que l’on ait un prix avec Gilles, cela fait quinze ans que l’on bosse ensemble. (Il s’arrête et me questionne « Dis moi, il faut vraiment que j’y aille pour aider mon régisseur »)
Le personnage « clé » c’est Ennio Morricone...
Alex Jaffray : Ah oui, c’était le patron! Je l’ai rencontré quatre ou cinq fois. La dernière c’était il y a un an et demi. Son manager m’avait dit « Ah c’est toi qui a fait rire Rienio! Parce qu’il ne rit jamais… » Le gars se souvient du journaliste car il n’y en a pas vingt cinq qui ont fait rire le patron. Il y en a un seul... J’étais venu avec le sampler pour lui faire écouter les titres. Son manager m’a dit « Ah, jamais il n’appuiera là-dessus! ». Résultat, une heure et demie après il était toujours en train de jouer avec les touches. C’était génial. Pour lui ce n’était pas un instrument de musique. Lui il écrivait sa musique avec du papier et un crayon. Comme tous les gens curieux et intelligents, il était toujours prêt à découvrir un autre univers. Pour écrire son genre de musique, il faut quand même avoir un esprit ouvert.
Pour en savoir plus sur son spectacle Le son d'Alex et ses cibles privilégiées que sont les artistes qui maltraitent la langue française pour retomber sur la bonne rime ou dont le langage est quasi incompréhensible sans oublier le mécanisme de l’écriture à l’envers, ne le manquez pas si vous voyez une date du côté de chez vous. Et même un peu plus loin, cela vaut le déplacement. Sinon, il y a Télématin mais c’est nettement plus court.
© Photo à la Une : Éric Dervaux
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