- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 7 min
Trafics ! Regard sur le commerce illicite des espèces sauvages
Jusqu’au 4 septembre, une nouvelle exposition temporaire gratuite, « Trafics ! Regard sur le commerce illicite des espèces sauvages » véritable complément au nouveau parcours permanent du Museum, Terre d’évolution, se tient au Muséum d’histoire naturelle de Marseille, au palais Longchamp.
Trafics ! l'Exposition gratuite à voir jusqu'au 4 septembre 2022 au Museum d’histoire naturelle de Marseille.
La nouvelle exposition temporaire du Muséum d’histoire naturelle de Marseille s’inscrit dans la continuité des thématiques abordées au Congrès mondial de la Nature en 2021. « Trafics ! Regard sur le commerce illicite des espèces sauvages » porte sur le commerce illicite d’espèces sauvages et leurs produits dérivés qui menace la survie d’animaux et de végétaux à travers le monde.
Exposition Trafics ! Museum d’histoire naturelle, Palais Longchamp, Marseille
L’expo Trafics met en lumière de nombreuses espèces concernées, de l’emblématique rhinocéros au discret hippocampe. Réalisée en collaboration avec la Douane française, elle interroge l’impact de ce trafic sur la biodiversité et invite à mieux comprendre les différentes réglementations sur le commerce des espèces sauvages menacées.
Rencontre avec Anne Médard, conservatrice en chef du Patrimoine Museum de Marseille.
Danielle Dufour Verna/Projecteur TV – Pouvez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Anne Médard – Je suis la directrice du Musée d’Histoire naturelle de Marseille, Conservateur en chef du Patrimoine, en poste au Museum de Marseille depuis de très nombreuses années.
DDV – Trafics est une exposition temporaire…
Anne Médard – Oui, Trafics est notre nouvelle exposition temporaire qui a été entièrement conçue et réalisée par les équipes du Museum et de la ville de Marseille, depuis la menuiserie jusqu’aux panneaux d’exposition en passant par les textes et le soclage. Une exposition dont nous sommes assez fiers, très réussie en terme de muséographie. Elle est assez originale. Cette exposition apporte un regard sur le trafic des espèces sauvages.
DDV –Comment est venue l’idée de faire cette exposition ?
Anne Médard – L’idée nous est venue suite à une saisie, une importante cession des douanes de Marseille dans laquelle figurait un lion blanc naturalisé en position couchée, une pièce assez volumineuse et assez exceptionnelle, et qu’on trouvait dommage de ne pas montrer au public. Au-delà de la pièce elle-même, on est régulièrement dépositaire de cessions de douane, de saisies de douane et on trouvait important de sensibiliser notre public à ce travail d’espèces sauvages qui passe un peu inaperçu, qui se situe après le trafic de drogue, d’armes et d’êtres humains, mais qui rapporte quand-même plusieurs milliards de dollars à l’année dans le monde entier. C’est un trafic important qui se passe aussi en Europe et en France. Nous voulions attirer l’attention de nos visiteurs sur cet aspect un peu méconnu qui impacte fortement la biodiversité mondiale.
DDV – Quand on évoque le trafic d’animaux, on pense souvent aux pays d’Afrique, d’Asie, etc. Il y a sans-doute également beaucoup de trafics dans notre région…
Anne Médard – Effectivement, le point de départ de l’exposition est le trafic international puisque nous avons travaillé avec les douanes de Marseille, mais effectivement il y a un trafic à l’échelle plus locale qu’on ignore peut-être plus. Il y a des espèces protégées sur le territoire français. L’Office français de la biodiversité est chargé de la protection de ces espèces, de la règlementation et du contrôle pour toutes ces espèces locales non exotiques, et il y a aussi des espaces protégés qui encadrent complètement le prélèvement, la ponction d’espèces. On ne peut pas ramasser, cueillir n’importe quoi, n’importe où sur le territoire européen et français.
DDV – Vous pouvez me donner quelques exemples sur notre région ?
Anne Médard – Il y a trois exemples que nous avons mis en avant, trois mesures de protection : la Réserve géologique des Hautes Alpes avec par exemple la Dalle aux ammonites de Digne, un site géologique remarquable, complètement protégé. Il est donc totalement interdit de prélever une ammonite sur la dalle et dans le secteur de la dalle aux ammonites de Digne. Il y a également localement, la protection biotope de Bonnieux. Et dans les autres exemples, le plus célèbre peut-être maintenant, c’est le Parc National des calanques.
DDV – la ponction d’oursins, de poissons ?
Anne Médard –S’ils prennent des oursins dans les calanques, ils s’exposent à des poursuites. Il y a vraiment une vigilance à avoir de la part de tous. S’il y a trafic, cela veut dire qu’il y a des consommateurs que nous sommes. Il faut être particulièrement vigilant, surtout dans notre région Provence Alpes Côte-d'Azur, pour ne pas encourager. Acheter ses oursins dans la bonne période et à des vendeurs qui ont l’autorisation de les vendre.
DDV – Qu’en est-il de la programmation des expositions du Museum de Marseille ?
Anne Médard – La programmation se fait bien à l’avance. Quand Marseille sera partenaire des jeux olympiques, forcément nous aurons une exposition qui accompagnera cette notion d’olympisme. Sur ce genre d’exposition, il est facile de se caler à l’actualité locale ou internationale. Quand on a programmé l'exposition ‘Trafics’, cela faisait suite à des procès, à des saisies importantes. Le rôle d’un musée d’histoire naturelle, dans ses expositions temporaires, c’est aussi de parler d’une réalité quotidienne des citoyens. Malheureusement, le trafic d’espèces sauvages, c’est quelque chose qui n’est pas neuf et qui se poursuit.
DDV- Depuis la gratuité des Musées décrétée par la nouvelle Municipalité de Marseille, le public a augmenté ?
Anne Médard – Oui, on a une augmentation sensible de notre public. Pour nous c’est un peu difficile de savoir si c’est parce que nous avons refait l’intégralité du parcours permanent et qu’il a un très franc succès. Mais nous constatons l’augmentation. Le Musée de Marseille accueille surtout un public familial, un public très jeune. Effectivement la gratuité est un encouragement à la pratique culturelle dans notre établissement.
DDV – Est-ce que Trafics qui n’est pas une exposition permanente est gratuite aussi ?
Anne Médard – C’est une exposition temporaire, mais comme le sujet est largement abordé dans le parcours permanent, nous avons considéré qu’il s’intégrait au parcours permanent. C’est, en fait, un zoom de certains points qui sont traités dans le parcours permanent, mais que nous avons voulu développer pour quelques mois dans un autre espace du Museum. C’est pour cela qu’effectivement l’exposition est entièrement gratuite. Il y a le fait qu’elle s’inscrit aussi dans la continuité du Congrès Mondial de la Nature qui doit être une préoccupation quotidienne et pas seulement quand il y a un évènement majeur qui se passe à un endroit donné et à un moment donné. C’est vraiment pour nous une préoccupation quotidienne.
DDV – Une autre exposition temporaire en vue dont vous pourriez me parler ?
Anne Médard – La prochaine exposition temporaire que nous souhaitons accueillir, courant octobre, ce sont les cinquante plus belles photos de vie sauvage de National Geographic. La National Geographic Society est mondialement connue et notamment pour ses magnifiques photographies et ce sera donc la prochaine exposition temporaire.
Informations pratiques sur l'exposition temporaire Trafics, Museum d’histoire naturelle, Palais Longchamp, Marseille
Horaire d’ouverture : du mardi au dimanche de 9h00 à 18h00, jusqu’au 4 septembre 2022.
Tarifs : L’accès à l’exposition et aux collections permanentes est gratuit
Adresse : Musée des Beaux-Arts, Palais Longchamp 13233 Marseille
Contacts : 04 91 14 59 50, musee-beauxarts@marseille.fr