Arles : La Fondation Vincent van Gogh mise sur Sigmar Polke

« Sous les pavés, la terre », l’exposition pilotée par Bice Curiger est désormais visible jusqu’au 26 octobre 2025 à la Fondation Vincent van Gogh Arles, et c’est déjà un évènement dans le milieu de l’art, depuis 2014 il n’y avait pas eu d’installation en France pour ce peintre Allemand mondialement connu.

À propos de l’exposition "Sous les pavés, la terre" Fondation Van Gogh à Arles

Bice Curiger, historienne d'art et commissaire d'exposition, directrice artistique de la Fondation Vincent van Gogh Arles.

Béatrice "Bice" Curiger est une historienne de l'art, conservatrice de musée, critique d'art et éditrice suisse, née en 1948 à Zurich. En 2011, elle est nommée commissaire de la Biennale de Venise, troisième femme à occuper cette fonction. Elle est, depuis 2013, directrice artistique de la Fondation van Gogh à Arles et à été l’amie de la première compagne du peintre lors de ses études aux Beaux arts de Zurich. Pour son dernier accrochage dans l’ancienne banque de France, Bice qui sera remplacée par Jean de Loisy ( ex président du palais de Tokyo de 2011 à décembre 2018), a réuni un nombre conséquent d’oeuvres de Sigmar Polke jamais montrées au public, parmi des peintures très célèbres de l’artiste.

Après Berlin, Arles et la Fondation étoffent l’exposition auprès d’un large public

C’est la suite de l’exposition qui a connu un vrai succès au « Schinkel Pavillon », lieu Berlinois éminemment tourné vers l’art contemporain international. Les pièces sélectionnées datent de 1963 à 2009, on admirera des peintures, sérigraphies, lithographies et clichés de l’artiste qui misait beaucoup sur une certaine alchimie des couleurs, dans le même esprit de Vincent van Gogh qui explorait les pigments. Sigmar passionné par le violet issu de l’uranium ou des mélanges chimiques et naturels, nous dévoile au sein de la Fondation un savoir-faire unique qui se moque bien des conventions appliquées dans le cadre de l’histoire de l’art.

Sigmar Polke libre dans sa tête et précurseur dans le mixage artistique

Sigmar Polke, est né un 13 février 1941 à Oels (Silésie), aujourd’hui la ville s’appelle Oleśnica (Pologne) décédé le 11 juin 2010 à Cologne, des suites d’un cancer, il demeure un artiste allemand contemporain qui a pratiqué plusieurs arts, comme la photo, la sérigraphie, la vidéo (film super 8, 35 mm). Enseignant  la peinture en faisant constamment l'analyse critique, en 1977 il est professeur aux beaux arts de Hambourg. Créant une communauté d’artistes, de performeurs, chanteurs, filmeurs, peintres, poètes…Il a lancé à l’école d’art de Dusseldorf « Kunstakademie » le mouvement baptisé « Réalisme Capitalisme » un pied-de-nez au courant artistique soviétique, rappelant au passage l’histoire familiale de ses parents ayant fui le bolchevisme !

D’ailleurs le titre de l’exposition « sous les pavés la terre » fait référence à Mai 68, qui a inspiré les premières oeuvres qu’il nous offre aujourd’hui, et forment l’esprit hippie et collégial qui la conduit à un parcours exceptionnel dans le monde de l’art.

Des patates comme fil conducteur de l'expo !

Comme van Gogh dont les deux tableaux « Travail des champs-1885 » et « Panier de pommes de terre-1885 » sont dans la 1ère salle du musée, Polke faisant parti du trio des années 60 de trois peintres allemands Georg Baselitz, Gerhad Richter, alimente son travail avec une oeuvre déroutante et anti-académique « La Maison des Patates » une cabane réduite à une structure de tasseaux de bois, surement l’installation la plus incongrue dans l’univers de la soixantaine d’oeuvres picturales que l’artiste a imaginé.

Entre peintures de grands formats et des clichés intimistes de ses voyages au Pakistan, ou en Afghanistan, on le retrouve en communauté avec ses ami(es), on s’immerge totalement dans l’univers du plasticien qui en roue libre laisse vagabonder son imaginaire, tant sous la forme de tableaux dont l’alchimie interroge (nocivité ou pigments naturels ?). Entre des moyens formats en Super 8, Sigmar Polke filme l’univers du cirque et du lancement des poignards où à chaque coup le model peut vaciller ! L’image est fébrile, le cadrage imparfait… Là encore l’artiste déconstruit le réel qu’il métamorphose en ambiance potache, un peu comme ce trio à l’image chantant, buvant et faisant l’ode à la vie, auquel Sigmar était particulièrement attaché. Drogue, conquêtes amoureuses, le peintre savoure tout et nous propose une large palette de ses multiples talents.

Choisissant les tissus peints, Polke réinvente la forme en appuyant le trait de peinture dans un équilibre parfait. 

Polke aime l’histoire des hommes et ses révolutions

Une des oeuvres magistrales exposées au sein de la fondation, est sans aucun doute l’acquisition par Jean Bousquet (Cacharel & maire de Nîmes) du tableau « Fugitifs » une oeuvre achetée en 1992, par la capitale Gardoise et qui fait résonance sur l’état du monde. Sigmar est déjà soucieux de la migration des peuples, dans l’observance de son travail, en autre de la photographie issue du journalisme, il pointe du doigt le trouble de l’histoire qui entaille les coeurs. Heureux en 1986 lors de son trophée à la Biennale de Venise le peintre a continué de s’investir autour de la lumière en créant les vitraux de l’église Grossmünster à Zürich, c’était en 2009, un an avant son grand voyage éternel.

Dès lors que cet ultime travail sur les couleurs fût terminé, le peintre a pu ainsi exhorter ses chimères et son mysticisme, il a surement pactisé avec le grand ordonnateur, à moins qu’il continue de là-haut à nous soumettre ses oeuvres qui restent profondément modernes. Incubateur dans un néo-réalisme contemporain Polke a surfé sur la vague des grands noms de la peinture internationale, sa côte sur le marché de l’art continue sa progression naturelle.

L’exposition est à contempler du mardi au dimanche de 10 h à 18 h à la Fondation Arlésienne van Gogh.
Fondation Vincent van Gogh Arles
35 ter, rue du Docteur-Fanton
13200 Arles
contact : +33(0)4 88 65 82 93