- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 6 min
Saint-Jean-Cap-Ferrat : « La Beauté à nos pieds » 30 sculptures de François Chapelain-Midy
30 sculptures de l’artiste François Chapelain-Midy, récemment exposées au Museum d’Histoire Naturelle de Paris sont présentées à l’espace Namouna à Saint-Jean-Cap-Ferrat, dans le cadre de la célébration des 120 ans de l’autonomie de la presqu’île.
Parmi les événements culturels de la célébration des 120 ans de l’autonomie de la presqu’île de Saint-Jean-Cap Ferrat, le Maire M. Jean-François Dieterich et son Conseil Municipal, présentaient du 2 au 26 mai 2024, dans l’écrin de L’Espace Namouna, une exposition sur l’œuvre d’un grand sculpteur de notre temps : François Chapelain-Midy (1937-2007). Fasciné depuis son plus jeune âge par les beautés de la nature et le monde animal, l'artiste a développé une œuvre magistrale : un bestiaire unique peuplé d’insectes dont le mystère et la plastique le fascine et qu’il transfigure en bronze patiné nuancé des bruns aux verts… Dix ans après le succès de l’exposition Insectomania au Jardin Exotique de Monaco, l’oeuvre du sculpteur est de retour sur la Côte d’Azur…
Exposition "La Beauté à nos Pieds" de François Chapelain-Midy à Saint-Jean-Cap-Ferrat
« Etre artiste c’est être utile… »
Formé à l’Ecole Boulle, François Chapelain-Midy fils d’un peintre de renom Roger Chapelain-Midy, crée son entreprise de Taxidermie à Paris 6e, jusqu’en 1973, il pratique la restauration, le soclage de minéraux et d’Art primitif, la technique du métal : tournage, brasure, forge et tournage sur pierre. Décorateur- sculpteur pour le Parc Océanique Cousteau, conception et réalisation de l’Aquarium de la cité des Sciences de la Villette. L’artiste est un ardent défenseur de l’environnement en avance sur son temps… Dès 1993 ses sculptures témoignent de son total engagement pour la cause écologique… En 2015 la sculpture Stop ou Encore sera exposée à la COP 21, à Paris.
Chaque sculpture est l’héroïne d’une histoire….
Depuis 1994, le sculpteur créait ses œuvres dans un endroit de nature sauvegardé, entre forêt et étang, près de Villers-Cotterêts où il approfondira son amour pour les insectes si vulnérables, les stylisant en bronze ciselé de grande taille pour leur redonner leur noblesse, gommant les crochets, les pinces, les dards, tout ce qui pique, il cherche à magnifier leur forme essentielle dont l'esthétique surprenante nous oblige à porter un regard différent sur eux. François Chapelain-Midy quittera la Beauté du monde en 2007…
Rencontre avec Mireille Chapelain-Midy
Pouvez-vous, Madame, en quelques mots nous conter la belle histoire, de la rencontre de votre époux avec un certain insecte dans le jardin de votre Moulin de Wallu, dans l’Oise ?
Mireille Chapelain-Midy : Ayant quitté Paris, nous souhaitions faire un vrai retour à la terre, faire pousser nos légumes et être les plus respectueux possible de « la terre de notre jardin ». Un jour, j'ai entendu François s'extasier comme devant un trésor, il criait « une courtillière, une courtillière ! » : il la tenait au creux de sa main…
La courtillière alias « taupe des jardins », pour lui avait été éradiquée par l'homme ! Ce fut le déclencheur : son travail artistique serait désormais au service des insectes. Pour faire changer notre regard sur eux, il en épure les formes, supprime tous les éléments qui peuvent nous rebuter et force ainsi notre respect, avec pour credo : « l’Homme se prend pour un être supérieur, il faut le remettre a sa place… Le monde des insectes c'est un monde qui me fascine. Tout petit déjà, j'ai toujours trouvé beau ce que d’autres, beaucoup d’autres, jugeaient laid, pour moi il n'y a pas d'animal laid. Je connais une Madame crapaud qui trouve que son mari est le plus beau du monde ! »
Votre vision personnelle sur le travail de votre mari disparu en 2007 ?
M.C.M : Je suis toujours éblouie par la beauté de ses sculptures, la merveille des patines qui changent de couleurs selon les rayons du soleil, ou les éclairages. Mon regard découvre toujours une ligne, une ciselure qui s'offrent à mon observation. Elles font partie de ma vie. J'aimais voir François travailler avec tant de passion, de conscience professionnelle, il se disait « homme de la Main », il savait tout faire ayant exercé de nombreux métiers. Il revendiquait ne pas avoir de grande théorie sur son travail, encore moins un concept à la mode…
Il ne voyait que la Beauté là où était la Vie. Il voulait témoigner de la beauté de la création. C'est surtout la force de son engagement en avance de plus de 20 ans sur la prise de conscience de la folie des hommes et de ses conséquences sur notre planète qui me font comprendre combien j'ai eu de la chance de vivre avec un tel homme. Il avait des « mains d'or », et la curiosité de toujours apprendre des techniques, de les améliorer, ses sculptures en étaient l'aboutissement. Un dialogue s'ouvre toujours entre l'Art et la Nature, en regardant chacune de ses sculptures, on sent une vraie résonance.
Quelques mots sur la personnalité, le caractère de l’homme ?
M.C.M : François en tant que fils d'artiste a été longtemps sous le poids de l'autorité d'un père d'une grande notoriété à une époque. Il n'a pu prendre sa propre voie qu'après la disparition de son père Roger Chapelain-Midy, en 1992. Mon époux a toujours été d'une grande fragilité physique et émotionnelle ce qui explique peut-être son rapport si fusionnel, si total avec les animaux de toute espèce. « Il parlait Animal » et ceux-ci le percevaient immédiatement…
Renseignements, informations pratiques Exposition "La Beauté à nos Pieds" de François Chapelain-Midy à Saint-Jean-Cap-Ferrat
Espace Namouna
Promenade des Arts
6 avenue Denis Séméria
06230 Saint-Jean-Cap-Ferrat
*(Mireille Chapelain-Midy, présente tous les jours de 10h à 20h, se fait une joie de parler de l’œuvre du sculpteur avec les visiteurs…)
Contact : Mireille Chapelain-Midy : 06 88 69 08 21 - www.francois-chapelain-midy.com