- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 6 min
‘’Pop… Popu… Populaire ?’’ Au Mucem, les objets du quotidien révèlent leur âme
« Il n’y a pas que la Joconde qui est belle, il y a aussi des objets. Une fontaine de propreté, une cuillère, une corne sculptée par un berger, peuvent être magnifiques et magiques. » La nouvelle exposition permanente du Mucem à voir jusqu’au jeudi 31 décembre 2026.
© Julie Cohen, Mucem
Ces paroles d’Arthur Dreyfus, écrivain, résument, à elles seules, la nouvelle exposition permanente du Mucem : ‘Populaire ?’ Une collection d’objets du quotidien qui, non seulement révèle leur âme, mais dialogue avec le public, fait ressurgir, enfouis, des souvenirs et des sentiments du passé pour mieux partager, ensemble, le présent.
Populaire ? Les trésors des collections du Mucem
Créer un lien avec tous les publics
Le Mucem, qui a eu 10 ans en juin 2023, célèbre magnifiquement, depuis six mois, son anniversaire. En plein cœur de cette célébration, ‘’Populaire ?’’ est une exposition qui séduira les fidèles mais qui porte surtout l’ambition d’adresser un message à des publics qui viennent peu ou qui ne viennent pas au MUCEM. Cette collection d’objets du quotidien qui ont vécu avec les hommes, qui gardent trace de leur passage dans la vie des hommes, avec quelque chose de familier peut créer ce lien avec ces publics, plus facilement que dans un musée traditionnel des Beaux-Arts, où il faut parfois faire quelques années d’études pour bien comprendre ce qui veut être dit.
Générosité et plaisir pour une exposition intergénérationnelle
Le Mucem a aussi vocation d’empêcher le temps de tout faire disparaitre et ainsi de conserver des souvenirs des uns et des autres pour pouvoir les partager avec les uns et les autres. Le choix a été fait, délibérément, d’avoir des rythmes particuliers, des ambiances particulières, en variant sur la couleur, sur le plaisir, ce qui n’est pas un terme évident dans une institution culturelle, mais que le MUCEM a su proposer et faire partager.
Dégager une émotion, une poétique
Quatre écrivains ont été appelés pour écrire les différents cartels de l’exposition. Sophie Blandinières, Lucile Bordes, Arthur Dreyfus et Guillaume Poix ont écrit les cartels qui racontent la vie des objets pour dégager une émotion, révéler l’histoire et la poétique des objets, dialoguer avec le public. Ils racontent des objets qui sont parfois reconnaissables parce qu’on les a déjà vus dans une maison, mais qui ont aussi parfois perdu leur usage et se retrouvent isolés en réinventant leur vie, leur lien avec les hommes. Les cartels restituent la proximité de l’objet, des objets, qui ont été familiers, qui ont été utiles, dont on ne se sert plus forcément. « Il n’y a pas que la Joconde qui est belle, il y a aussi des objets, une fontaine de propreté, une cuillère, une corne sculptée par un berger, peuvent être magnifiques et magiques. C’est cela que nous avons essayé de redécouvrir et de transcrire ». Chacun peut décider de suivre les cartels sensibles pour voir différemment l’exposition, choisir son propre parcours et, pourquoi-pas, inventer le sien.
Sept Stations pour vivre l’exposition
Avec pour fil conducteur principal la couleur, l’exposition du Mucem, située au rez-de-chaussée, révèle tout un monde oublié : des cornes de berger gravées par les bergers eux-mêmes qui peuvent devenir des cornes à boire ou à conserver du jus de tabac pour soigner les plaies du troupeau, ou encore des outils gravés par des bagnards en Nouvelle-Calédonie, une charrette sicilienne magnifiquement décorée de l’histoire des paladins de Charlemagne, des calebasses niçoises, des peintures dites ‘de chevalet’ qui côtoient le graffiti, des reproductions d’intérieur, des sculptures représentant le vivant, des collections de mode, de la céramique, du métal, du verre, comme cette boule à neige en plastique ou ce narguilé de Bohême, un vieux fer à repasser, des cartels sensibles, des espaces immersifs…
Le parcours, en sept stations ludiques, débute par Naturalia en insistant sur le fait que la plupart des matières présentes dans les collections sont protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction, dite Convention de Washington, en vigueur depuis 1975. Suivent : Peinture, Architecture et mobilier, Sculpture, Mode, Céramique, Métal et Verre.
A la frontière entre le social et l’intime
L’ensemble de l’équipe scientifique du Mucem qui a participé, pour la première fois, la scénographie de Sylvie Jodar, dessinée d’une manière linéaire en proposant de multiplier les formes, les points de vues, les couleurs, le graphisme éloquent du titre de l’expo, signé Caroline Pauchant, le talent des quatre écrivains, la volonté de faire exprimer ces objets, mis dans une position particulière, font que les regards s’emparent différemment de cette exposition particulière et que les paroles se croisent. Le visiteur ressent comme un manque, une absence, une part de son histoire, qui est enfin été comblée. Avec cette exposition, le Mucem conforte sa vocation : se placer à la frontière du social et de l’intime.
Renseignements Exposition Populaire ? au Mucem
Mucem, J4— Rez-de-chaussée13002 Marseille
Du mercredi 13 décembre 2023 au jeudi 31 décembre 2026
de 10h à 18h - Fermé le mardi