- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 6 min
“En Regard”, Nazanin Pouyandeh et Brigitte Aubignac : exposition au musée Paul Valéry à Sète
“En Regard” : une exposition qui met en lumière les œuvres de Nazanin Pouyandeh et Brigitte Aubignac. Ces deux artistes, bien que différentes, partagent une passion pour la figuration et l’expression artistique. À découvrir au musée Paul Valéry de Sète.
Nazanin Pouyandeh et Brigitte Aubignac – Photomontage
Nazanin Pouyandeh et Brigitte Aubignac exposent au musée Paul Valery de Sète jusqu’au 2 mars 2025, où l'on pourra admirer les oeuvres de ces deux artistes aux univers distincts, vivant en France, qui ont pour principaux points communs la peinture et la figuration.
« En Regard » comme titre fédérateur de cette exposition temporaire, met en parallèle l'univers de ces deux artistes, grâce aussi à une concomitance sur les traits à l’acrylique et à l’huile pour de nombreux tableaux accrochés dans ce magnifique musée Paul Valéry à Sète, face au bleu de la Méditerranée !
Nazanin Pouyandeh est une artiste peintre iranienne
Née le 21 septembre 1981 à Téhéran, l’artiste dont les parents ont connu la révolution de l’année 1979, par l’exil du Shah le 16 janvier après 38 ans de règne… La contestation contre le régime du Shah s'exprime depuis plus de sept mois en Iran et contraint les opposants à fuir le pays. Le régime vit ses dernières heures avant le retour triomphal de Khomeiny et l'instauration d'une République islamique.
Pat Andrea a été le maitre du courant « Nouvelle Subjectivité », il est un peintre et sculpteur néerlandais. Connu par son travail dans le monde entier, il a inspiré la jeune Nazanin qui a rapidement inscrit son travail dans un mouvement baptisé « sous-réalisme ». En 2012, les initiateurs de ce groupe d’artistes s’opposent à la conceptualisation de la peinture contemporaine. L’art pour ce collectif ne doit pas être institutionnel, d’où la pensée que l’image doit primer l’idée et non l’inverse.
Adepte de séance de speed-painting ( 90 minutes durant lesquels doivent peindre un tableau), Nazanin Pouyandeh s’est souvent invitée à ces rendez-vous pilotés entre autre par Axel Pahlavi. Les tableaux de celui-ci évoque la peinture de l’incarnation. Il est né à Téhéran sous la gouvernance du Shah d’Iran en 1975 et avec sa compagne Florence Obrecht, ils ont été des artistes inspirants pour Nazanin, au démarrage de son exploration dans la peinture.
D’ailleurs l’artiste à ses 18 ans contrainte de partir de l’Iran à la mort de son père Mohammed-ja’far Pouyandeh écrivain et défenseur des droits de l’homme, a par la suite été inscrite à l’École nationale supérieur des beaux-arts à Paris.
Les femmes belles, coquines et désobéissantes de Nazanin Pouyandeh
À la première vision de l’exposition, on est surpris par le rythme foisonnant imposé sur de longs formats, où chaque coin de toile regorge de sujets (la peinture dans la peinture). Ses toiles relèvent une peinture figurative qu’on pourrait qualifier d’hyper réaliste façon BD. Elles n’en évoquent pas moins un monde de songes enfanté par ses voyages, de l’Inde au Bénin. L’artiste adepte de carnets de croquis lors de voyages, utilise aussi un appareil photographique pour immortaliser l’impression des lieux parcourus. Dans le travail abondant de la plasticienne, la vision des personnages presque présentés de manière volage forge un caractère singulier sur toile. Les femmes, déesses de l’amour apparaissent comme autant de divinités énigmatiques.
La narration de son travail pèle mêle caractérise des éléments religieux et relevant du paganisme, des figures mythologiques et issues de l’histoire de l’art.
Un fantasme assumé dans des traits et couleurs où l’érotisme peut apparaître !
Cataloguer Nazanin Pouyandeh dans un registre audacieux et osé, ne serait pas juste si au détour d’une toile « Zarathoustra », l'artiste peintre évoque en 2010 dans un grand format l’incandescence d’un feu avec en prime un couple ligoté !
La peinture illustre - t-elle un groupe d’ami(es) presque dans l’innocence d’un bois perdu, soumis à l’insouciance d’une rupture ? Elle utilise notamment quelques métaphores pour commenter son travail qui illustre aussi bien des allégories liées à la mythologie grecque, mais également à ses observations de son entourage ( comédiens, artistes, poètes ou performeurs…)
D’abord énigmatique le sujet développé par Nazanin offre bien plus qu’une théâtralisation de l’image, avec un travail exceptionnel sur les nuances et lumière entourant les personnes kafkaïennes.
Edward Hopper et son univers de personnages pensifs…
Ses toiles, peut-être influencées par des éléments qu'elle n'évoque pas explicitement, offrent une lecture complexe et nuancée." « Le Soulèvement des âmes noires-2017 » réitèrent l’intérêt porté au sujet (la nudité), entrecoupé par la révolte où la venue des corbeaux annonciateurs de temps compliqués. Si l’artiste fait référence à l’histoire, à la mythologie grecque, elle n’en demeure pas pour autant l’unique témoin, dans l’évocation de la croyance et du paradis, sur des toiles exprimant aussi son envie à déceler le vrai du faux. Edward Hopper en son époque a été le précurseur de la lumière à l’huile.
Brigitte Aubignac, à travers un langage pictural unique, nous invite dans l'univers trouble de ses angoisses
Si la peintre épouse de l’illustre Martial Raysse, partage la vie du grand peintre et sculpteur, c’est aussi pour nous offrir un travail sur les portraits et les traits plus intimistes dans la psychologie du sujet.
Brigitte Aubignac est née à Boulogne-Billancourt en 1957, elle a été professeur aux ateliers du musée des Arts décoratifs à Paris. Elle a un sens de l’observation qu’elle introduit dans le motif de ses tableaux…Dans la série « Insomnies » Brigitte Aubignac capte la lutte d’une femme face à l’insomnie.
Solitude, détresse…Brigitte se met en scène parfois de manière tragique narguant notre regard, notre perplexité concernant les peurs personnelles qu’elle utilise dans la foudre de son travail. Elle fait absolument aussi référence à ces femmes mitigées dans des corps meurtris peut-être liés à des vies subies.
« Bad Day » en 2016
Un auto-portrait presque humoristique si ce n’est un regard nonchalant sur un visage décoiffé. Brigitte est dans son art brut mise de manière presque familière comme si c’était un membre de notre famille. « Halloween » évoque aussi la vie familiale effervescente et trépidante que l’on connait toutes et tous au sein des familles.
Informations pratiques sur l'Exposition "En regard : Nazanin Pouyandeh et Brigitte Aubignac"
Musée Paul Valéry
148 rue François Desnoyer
34200 Sète
Téléphone : 04 90 04 76 16
Horaires d'ouverture :
Le musée est ouvert tous les jours sauf le lundi de 10h00 à 18h00
L'exposition est à voir jusqu'au 2 mars 2025.