- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 6 min
« Praesentia » Myriam Mihindou expose à Sète au CRAC Occitanie
Le CRAC Occitanie à Sète présente une exposition immersive de Myriam Mihindou, artiste pluridisciplinaire. « Praesentia »: le travail intime de l’artiste évoque présence, puissance et protection, à découvrir jusqu’au 4 mai 2025.

Myriam Mihindou, « Embody I (Voir) » (détail), série «Embody », 2017. Collection Laurent Saint Aubin – Courtesy de l’artiste & galerie Maïa Muller (Paris). © Bertrand Hugues © ADAGP, Paris, 2024.
Le Centre régional d'Art Contemporain Occitanie à Sète (CRAC Occitanie), présente une nouvelle exposition temporaire du 8 février au 4 mai 2024 : « Praesentia » de Myriam Mihindou, artiste contemporaine pluridisciplinaire : sculpture, installation, dessin, écriture, photographie, vidéo et performance. - Commissariat : Daria de Beauvais (curatrice au Palais de Tokyo) et Marie Cozette (directrice du Crac Occitanie). L'entrée est gratuite. Cette exposition s’inscrit dans le sillage de celle qui a été présentée au Palais de Tokyo à Paris (18 octobre 2024 – 5 janvier 2025).

Présentation de l'exposition Praesentia
L'artiste Myriam Mihindou

Crac Occitanie à Sète, 2025.
© Aurélien Mole
Myriam Mihindou est une artiste contemporaine pluridisciplinaire aux registres variés : sculpture, installation, dessin, écriture, photographie, vidéo et performance (happenings). Elle aborde des sujets liés notamment à l’identité, à la mémoire, au langage, au rituel, au vivant, à la condition féminine. Si la spiritualité pour l’artiste est une quête vers l’absolu, c’est avec une conscience écologique que sa pratique s’exécute.
Le travail de Myriam Mihindou pourrait être qualifié d’expérimental, même si l’artiste est dans une quête de l’observance elle n’en demeure pas moins voyageuse et nomade. La plasticienne travaille en synergie avec des environnements, des situations et des personnes spécifiques qu’elle peut rencontrer ou tout simplement provoquer dans sa quête de l’évolution des matières. S’attachant à réparer les blessures individuelles et collectives causées par différentes formes d’assujettissement ou de domination, Myriam Mihindou s’inscrit totalement dans cette lignée d’artistes qui puisent leur inspiration, avec comme ambition de créer la singularité d’une oeuvre.
Née en 1964 à Libreville (Gabon), Myriam Mihindou vit et exerce son métier d'artiste à Paris.
Parmi ses expositions personnelles récentes : « Epiderme » elle a participé en septembre 2024 à la Biennale de Lyon et de Gawngju. L'exposition Praesentia de Myriam Mihindou a été co-concue avec le Palais de Tokyo à Paris. Ses oeuvres sont visibles du 8 février au 4 mai 2025 à Sète au CRAC Occitanie.
Le thème de l'exposition: présence, puissance et protection
Il lui aura fallu 25 ans pour compiler une performance qui au final, pose toute la question de la tolérance et de l’abstinence face aux fonctions cognitives et thérapeutiques de l’être, qui évolue dans une sphère sociale où le politique s’ingénue à se poser en arbitre n’incluant pas les gestes si chers aux artistes. Myriam Mihindou nous propose une condition féminine qui ne s’aligne pas aux formes d’assujettissement ni à une quelconque domination.
Les œuvres exposées: matériaux, techniques et inspirations
Une histoire ancrée dans des passés révolus

Crac Occitanie à Sète, 2025. « Fleurs de Peau »
1999 - 2024 © Aurélien Mole.
À travers ses œuvres, Myriam Mihindou explore les mots de la langue Française, comme si ses voyages en Egypte, au Maroc où à la Réunion sont en quelque sorte la ligature d’un carnet de rencontres où les objets et les formes s’accomplissent de son regard artistique. D’ailleurs elle évoque dans son travail les matériaux nobles tels que le cuivre, ou la terre qui se mélangent avec la soie ou le thé, débridant de la sorte des langages imaginaires. Dans la série Embody de 2017, il s’agit d’un jardin médicinal, elle met en lumière l’interconnexion des différentes formes du vivant, où le divin croise plusieurs regards, dont celui du visiteur (salle 8). Autre parcours dans la continuité, la salle 9 où « Fleurs de peau » (1999-2024), fournit la matière à l’artiste qui rythme son travail au gré des fantaisies des savons de Marseille … (Savons de Marseille, savons, chanvre, épingles, aiguilles, cire, coton, latex, kaolin)
Des fragments de corps, de coquillages ou de fleurs se décèlent dans une myriade de savons décorant l’immense mur blanc de la salle ! Au sol les réalisations en verre soufflé, bois, cuivre, encre, fumée, dans un ordre aléatoire « Amygdales » évoquent la mémoire émotionnelle dans le cerveau, celui qui parfois ne délivre plus les messages que l’on attend.
L’amnésie puisée dans une oeuvre presque testamentaire pour l’artiste
Si les fragments de la vie sont dans les gestes quotidiens c’est oublier que le naturel de mettre son collant n’est pas l’évidence pour toutes. Myriam se met en scène où seuls ses gestes en gros plan apparaissent dans un film en monochrome, position de mal être de l’artiste qui essaye mais qui n’arrive que sommairement à s’habiller de son collant sur ses jambes. La vidéo explore l’expiration des sens, ceux auxquels la vie s’accroche, la plasticienne nous fait prendre conscience de la fragilité, de l’amnésie qui parfois chevauche une réalité cruelle.

L’artiste se joue des codes et des conventions quand elle nous montre des pieds dénudés en bord de mer, où s’entremêlent des jeux singuliers qui sont détachés du tissu corporel du corps. Performance iconoclaste ou spiritualité de l’art au service de nos consciences abimées, Myriam Mihindou enclave son observation dans l’univers parfois des hôpitaux où les coeurs abimés se livrent alors une impitoyable beauté des déchirures de la vie : Haut les coeurs.
L’exposition est visible gratuitement au CRAC 26 quai Aspirant Herber à Sète ouvert tous les jours de 12h 30 à 19 h et le week-end de 14 h à 19 h.
Contact : +33 (0)4 67 74 94 37