- Auteur Thierry de Lestang-Parade
- Temps de lecture 4 min
Musée Réattu Arles : les Arlésiens choisissent Clergue
Découvrez l’œuvre de Lucien Clergue à travers les yeux des Arlésiens jusqu’au 30 mars 2025, une rétrospective unique sur le fondateur des Rencontres de la Photographie à Arles, décédé en 2014.
Romy Schneider à la Corrida, Arles – 1971 ©DR
Les Arlésiens choisissent Clergue, une exposition à voir au musée Reattu d'Arles jusqu'au 30 mars 2025, en hommage à Lucien Clergue.
Ce n'est pas la première fois que le musée Réattu d'Arles honore le photographe Lucien Clergue, premier photographe français élu membre de l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France, fondateur des Rencontres de la Photographie d'Arles, et notamment ami de Picasso.
Lucien Clergue, décédé en 2014, avait créé en 1965 à Réattu le premier département photographique en France d'une institution consacrée aux Beaux Arts.
« Toute sa vie, il a fait partie de l'histoire du musée », remarque Andy Neyrotti, commissaire de l'exposition les Arlésiens choisissent Clergue.
Avec l'écrivain Michel Tournier, Jean-Maurice Rouquette, Lucien Clergue fonda également en 1970 le festival des rencontres internationales de photographie à Arles.
Les Arlésiens choisissent Clergue - Musée Réattu d'Arles
Lucien Clergue, le regard profond d'un artiste... myope
© Lucien Clergue / SAIF 2024
Cette fois, avec l'exposition Les Arlésiens choisissent Clergue présentée jusqu'au 30 mars 2025, ce sont 18 personnes liées à Arles qui commentent une photo choisie par eux en noir et blanc ou plus rarement en couleur.
Curieusement, le musée ne possédait aucune vue plébiscitée malgré le don de Clergue de 300 clichés. « C'est un condensé extraordinaire de toute une carrière. Il y a des rues, de la tauromachie, des nus, des gitans... », raconte Andy Neyrotti , responsable du pôle conservation. Il s'est montré attentif à solliciter des profils variés. Parmi eux il y a le couturier Christian Lacroix, Françoise Nyssen, ancienne ministre de la Culture , mais aussi une éleveuse de taureaux comme Charlotte Yonnet.
Une belle moisson de regards sur un regard particulier avec la participation de l'atelier Lucien Clergue. Lucien Clergue était myope. Il travaillait dans la proximité. «Tout est frontal. On ne peut pas s'échapper du sujet », souligne encore le conservateur.
Un géant blessé à mort
François Burgun, photographe plasticien, dénonce la corrida. Il exhibe, ainsi, une photo authentique pour le moins spectaculaire. Elle a été trouvée par un de ses amis dans un grenier et date de 1970.
Prise aux arènes d'Arles, elle montre la masse gigantesque d'un taureau qui va mourir. Le géant est blessé. C'est son agonie avec des banderilles plantées dans son corps. Son mufle est tendu vers le ciel comme pour implorer les dieux. Captivé, le spectateur s'attend presque à entendre ses derniers mugissements. Cette sculpture de chair hypnotise.
Lucien Clergue, l'ami de Picasso
Il y aussi Picasso tenant un mégot de cigarette à Cannes en 1956. Son expression traduit sa confiance vouée à Lucien Clergue. Son charisme illustre une force intérieure. Bruno Heitz, auteur illustrateur, qui a travaillé avec Clergue, a choisi ce tirage offert par le photographe. « Je me rappelle cette phrase du peintre que Lucien aimait citer : L'inspiration existe, mais il faut qu'elle te trouve au travail . »
Il y a donc le quiétude conquérante d'un maître reconnu et aussi la fragilité d'une actrice à Arles. Romy Schneider à la corrida date de 1971. « Son visage lumineux, ses yeux qui regardent en dehors du champ de l'image, ne savent encore rien des souffrances à venir », commente Laure Brunet-Filippin créatrice digitale.
Lucien Clergue savait raconter en silence.
Informations pratiques, Exposition Les Arlésiens choisissent Clergue
Musée Réattu d'Arles
10, rue du Grand Prieuré
13200 Arles
Tél : 04 90 49 37 58