- Auteur Éric Fontaine
- Temps de lecture 7 min
« La Haute Note Jaune » exposition à la Fondation van Gogh, Arles
“La Haute Note Jaune”, un concept cher à Vincent van Gogh, prend vie dans cette exposition à la Fondation van Gogh d’Arles. En réunissant les œuvres de 22 artistes, elle invite le public à un voyage au cœur de l’expressivité picturale, où la couleur jaune devient un vecteur d’émotions et de formes inédites.
Louise Bourgeois (Arc d’hystérie – 1993)
La « haute note jaune », terme employé par Vincent van Gogh, lors de ses correspondances avec son frère Théo, aujourd’hui c’est autant d’artistes, à sa suite qui explorent les confins de l’expressivité et tentent de les sublimer, que ce soit sur le plan formel ou émotionnel.
Une exposition thématique, à voir à la Fondation van Gogh à Arles, avec le travail de 22 artistes de générations et d’origines différentes :
Richard Artschwager, Paul Blanchet dit le Sauvage, Louise Bourgeois, Vittorio Brodmann, Claude Cahun, Nina Childress, Martin Disler, Valie Export, Markus Gadient, Bruno Jakob, Asger Jorn, Martha Jungwirth, Karen Kilimnik, Verena Loewensberg, Albert Oehlen, Thomias Radin, Pipilotti Rist, Klaudia Schifferle, Pierre Schwerzmann, Hyun-Sook Song, Vincent van Gogh, Dominique White.
Commissaires d’exposition : Bice Cruiser et Margaux Bonopera
La « Haute Note Jaune » par Vincent van Gogh
C’est durant l’été de 1888 que Van Gogh décrit son état psychique et émotionnel à son frère demeurant à Paris. L’artiste insista sur cette « Haute Note Jaune » et compléta sa correspondance par « Je suis attaché à la terre, avec des liens plus que terrestres »
Le jaune comme ensemble fédérateur des installations à Arles
Si le parcours de l’art commence par un ensemble de grandes toiles dont le jaune dominant évoque irrémédiablement le soleil irradiant ou encore les tournesols, d’un été caniculaire, ce sont bien l’oeuvre de Richard Artchwager de 2008, qui impose un point d’exclamation. En guise de clin d’oeil aux couleurs fétiches de Van Gogh, les poils en plastique sur une base en acajou sont couronnés d’une peinture en latex d’un jaune vif…
Si cette exposition mêle le talent des artistes à une « Haute Note Jaune » très variée c’est dans un cadre collectif que la fondation permet cette synergie autour de la peinture.
Un esprit Punk règne dans les lieux
Valie Export par sa sérigraphie sous fond gris et jaune, nous rappelle étonnamment le travail de Miss.Tic ( Grande exposition aux Palais des Papes 2024), l’artiste Hollandais étant aussi le maître des portraits. Valie dans sa culture artistique vogue aussi sur l’esprit « Pop-Art » d’Andy Warhol, dont les toiles en jaune auraient bien pu s’afficher sur les murs de la fondation, tant ce jaune est universel !
Le premier hall de cette ancienne banque de France, offre un ensemble d’installations uniques, de grands formats mais aussi des tableaux plus intimes des artistes. Tel est le cas de Claude Cahun qui déjà en 1928, nous offrit déjà un auto-portrait en noir et blanc très avant-gardiste pour son époque. Il faut avouer que l’artiste dont le vrai nom est Lucie Schwob (1894-1954), proche des mouvements libertaires, et surtout compagne de Suzanne Malherbe, a toujours milité en tant que résistante à la paix. Elle se réclame de la mouvance « genre neutre », et a été dans un courant surréaliste qui sans équivoque rejoint la révolte des artistes pour le féminisme.
La transition avec la bâche peinte en jaune et noir aux couleurs rougies par un esprit révolutionnaire, pose complètement le questionnement de l’artiste Martin Disler qui manipulant une peinture à la bombe, collabore ainsi à un art instantané du mouvement. Son oeuvre s’harmonise avec la réalité du sujet : Le jaune comme éclat de vie .
Le corps dans son exaltation singulière
Albert Oehlen né en 1954, Suisse et encore dans la mouvance punk issue de la gauche allemande des années 1970, ne cesse de nous révéler le caractère dominant et singulièrement attractif de la peinture. Les grands formats présentés à la fondation sont soigneusement agencés, ils évoquent le jaune des tournesols de Van Gogh. L’artiste exprime par le noir tranchant un côté expérimental proche de la symbolique des panneaux indicateurs.
Les grands formats de l’artiste sont exposés avec le bronze de Louise Bourgeois (1911-2010). Celle-ci a été proche des mouvements expressionnistes, en évoquant le corps dans un esprit incandescent par son côté lumineux, elle complète parfaitement cet univers jaunâtre tant analysé par le peintre Hollandais.
Le Street Art, moteur de l’évolution subversive de la peinture
Dans le milieu des années 80, les panneaux publicitaires parisiens se recouvraient des papiers peints de collectifs installés en autre, dans les bureaux du journal « Actuel ». Jean-François Bizot (directeur du magazine) alors avait véritablement organisé au sein de sa rédaction, une incubatrice artistique avec « Mano à Mano, Nick-Prisu, les Frères Ripoulins, Nina Childress…). Le début de la Figuration Libre donnait ainsi naissance aux graffitis !
À 63 ans la plasticienne Nina Childress, faisant toujours ses expérimentations dans l’art s’est offert le luxe de peindre des petits formats avec des techniques allant du fluo (visible avec une source lumineuse) aux pigments phosphorescents. Son travail de 2024, s’accompagne complètement de son intention d’utiliser des sources de couleurs, comme aurait fait Van Gogh dans son atelier Arlésien.
Pierre Schwerzmann lui aussi dans ses derniers travaux a utilisé le jaune par un assemblage de deux bandes jaunes sur dégradé, oeuvrant de la sorte dans une quête de lumière céleste.
Un 1er étage de la Fondation van Gogh marqué par le travail de Paul Blanchet
Un bidouilleur de l’art, diront les mauvaises langues ! L’artiste de Saint-Rémy-de-Provence est un explorateur du temps…Son service militaire au Sénégal Paul Blanchet (1865-1947), s’est baptisé « Le sauvage ». En tout cas en marge de la société, il refusa tous les codes de l’insertion que l’on pouvait lui offrir. Se baladant pieds-nus, roulant avec un vélo tout-terrain sans phare mais avec des grelots, il fût l’un des pionniers de l’art performance. Son travail issu de son observation des gens, s’inscrit dans une dynamique à la fois théâtrale et originale. La fondation expose son travail qui s’inscrit totalement dans l’esprit de Van Gogh, qui au fond de sa vie, a toujours milité pour l’âme des troubadours, mais aussi des plus faibles, des illuminés de l’a peinture.
Informations pratiques Exposition « La Haute Note Jaune »
Fondation van Gogh
35 ter, rue du Docteur-Fanton
13 200 Arles
On peut voir cette exposition du mardi au dimanche 10 h-18 h