- Auteur Victor Ducrest
- Temps de lecture 3 min
Guerrier, sculpteur, entre nature et culture
Vaison-la-Romaine, ses sites antiques et sa cathédrale médiévale magnifient jusqu’au 31 août les œuvres monumentales du sculpteur Francis Guerrier. Les créations de l’artiste eygaliérois ne laissent pas indifférent, en interrogeant les « regardeurs » ou en leur suggérant des perceptions mouvantes qui découpent l’environnement dans lequel elles s’inscrivent. Elles ont pour nom « Pilule d’ange », « Lune bleue » ou encore « Lame de fond ».
Par son installation statique d’une série d’ogives métalliques, Francis Guerrier, sculpteur eygaliérois a recomposé la nef centrale de la cathédrale de la haute ville de Vaison-la-Romaine, en construisant une église dans l’église. Curieusement cette architecture supporte une série de petits cadres aux contours lumineux qui, lorsqu’on s’approche, font apparaître des photographies du quotidien syrien. « Des regards de lumière », explique le sculpteur, qui rendent compte du voyage de quatre mois qu’il a fait en Syrie avec son ami Yvon Fruneau, chargé par l’Unesco de photographier l’ensemble des sites classés au patrimoine mondial de l’humanité. D’Alep à Bosra, en passant par Damas et Palmyre, « j’y ai filmé des fragments de vie, le quotidien des hommes, des femmes et des enfants ». Et ce film de quatre heures, projeté en simultané dans trois des chapelles de la cathédrale vient compléter par sa dynamique le sens de ce témoignage insolite.
Parallèlement, Francis Guerrier a déposé dans les sites des ruines gallo-romaines de la ville, des formes monumentales qui tout à la fois se regardent pour elles– mêmes, fenêtrent le paysage et parfois font miroir changeant en fonction de la lumière ambiante. Objets nouveaux, à la fois rigides, élancés comme des virgules et reflets éphémères, aux sens incertains où la lettre « alpha » peut se transformer en poisson quand on la contourne.
« Je ne modèle pas mes sculptures, je travaille à partir d'une feuille de métal que je découpe et mets en forme. En honorant la matière, en respectant son énergie, son ressort, sa courbure possible, j'atteins l'équilibre, l'harmonie, j'y retrouve la nature... Et c'est elle, dans sa pureté mais aussi sa complexité qui est ma première inspiration. Les courbes, les lunes, les trajectoires et les spirales si souvent présentes dans la nature, du coquillage aux galaxies, sont mon écriture. Je ne cherche pas l'abstraction, mais au contraire, à me rapprocher des formes originelles. »
Avant de prendre d’autres chemins, les installations extérieures de ce sculpteur qui fut acteur, metteur en scène, décorateur et scénographe sont encore visibles jusqu’à la fin du mois d’août dans les sites antiques de la Villasse et de Puymin à Vaison-la-Romaine.