- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 9 min
La Syrie en noir et blanc … l’exposition de Michel Eisenlohr, photographe de la lumière et du sensible
La Syrie en noir et blanc … L’exposition photos de Michel Eisenlohr invite au dialogue entre le sensible et l’antique, les traces et la lumière, la mémoire et l’imaginaire. À voir au Musée d’Archéologie Méditerranéenne – Centre de la Vieille Charité à Marseille jusqu’au 24 janvier 2021. L’entrée est gratuite.
La Syrie en noir et blanc - Exposition Michel Eisenlohr
Musée d’Archéologie Méditerranéenne
Entrée gratuite pour cette superbe exposition photographique de Michel Eisenlohr : Palmyre - Alep - Damas, la Syrie en noir et blanc, qui se déroule du 11 septembre 2020 au 24 janvier 2021 au Musée d’Archéologie Méditerranéenne Centre de la Vieille Charité à Marseille.
Exposition la Syrie en noir et blanc au Musée d’Archéologie Méditerranéenne
La Vieille Charité, un écrin marseillais patrimonial
Le Musée d’Archéologie Méditerranéenne, installé au Centre de la Vieille Charité depuis plus de 25 ans, offre au public, l’accès à l’un des plus remarquables ensembles architecturaux, ainsi qu’un nouveau département des civilisations antiques ouvert en 2019.
Présentées au cœur des collections dès le mois de septembre 2020, les œuvres sensibles de Michel Eisenlohr invitent à un voyage immobile, au plus près des œuvres antiques. A travers ce dialogue singulier dans le temps et l’espace en Méditerranée, propice à l’émerveillement, c’est toutefois à une réflexion plus profonde que le visiteur se voit aujourd’hui convié.
Divine et millénaire Syrie, meurtrie par la folie des hommes
« …7000 ans ! Ce pays antique et courtisé
A traversé le temps, promis et partagé,
La Syrie des légendes, des mythes, des larrons
La furie de cerveaux malades s’y déchaine.
Les étoiles, la nuit, c’est le feu des canons
La terre, le pétrole, les guerres de Religion,
Fleuves de larmes et de sang
Et Damas se réveille, hurlant de désespoir,
Palmyre, tant qu’elle le peut, protège ses vieux murs… »
(Extrait de ‘Aylan, le cri du monde’ - Domenico Verna Caruso - publié aux Ed. Titanic-Toursky-Juin 2019)
En 2002, lorsque Michel Eisenlohr a réalisé ses photographies, la plupart des cités antiques de Syrie, le plus souvent romaines, étaient encore visibles à l’état de vestiges. Ce n’est plus le cas aujourd’hui dans certains lieux célèbres tels Palmyre ou Apamée, détruits partiellement et parfois complètement ruinés par des groupes terroristes armés. Certaines images de destruction, diffusées largement dans tous les médias internationaux, seront ancrées à tout jamais dans nos mémoires collectives. C’est le cas, par exemple, du saccage à l’explosif du temple de Bêl à l’été 2015.
Ces événements, comme les nombreux pillages de sites et de musées à Alep ou Heraqla, sont autant de signes tragiques des conflits militaires en Syrie qui ont fait plus de 300 000 victimes à ce jour ; parmi elles, Khaled al-Assad, archéologue et universitaire syrien qui fut aussi le directeur des antiquités et du musée de Palmyre jusqu’en 2003 et son gardien jusqu’à son assassinat en 2015. Pensée comme la célébration de ces lieux et de ceux qui les ont fait vivre, l’exposition du Musée d’Archéologie Méditerranéenne voudrait proposer aux générations futures de penser l’avenir et, avec lui, la possibilité d’un renouveau.
Michel Eisenlohr, photographe du réel, livreur de rêves
Palmyre, Alep, Damas… À les prononcer seulement, ces noms transportent dans un ailleurs onirique et merveilleux : Damas, la ville du jasmin, fondée au IIIe millénaire avant JC; Alep, fondée et habitée depuis le VIe millénaire avant JC, une des plus anciennes villes au monde, et Palmyre, classée Patrimoine mondial par l’UNESCO, ville antique, déclarée ville en péril !
Admirer les photographies de Michel Eisenlohr, c’est prétendre à imaginer que ces édifices syriens cruellement détruits seront dans le futur de nouveau reconstruits, consolidés et que leur pays lui-même se verra réparé, apaisé. Grâce aux moyens technologiques dont dispose aujourd’hui la recherche, les archéologues et les historiens, rien de tout cela n’est impossible ou inenvisageable.
Laissons l’artiste s’exprimer :
« Ces lieux abandonnés, figés dans l’immensité des paysages, nous plongent dans un univers où domine le minéral. Ici, le temps n’a plus de prise. Seules subsistent des architectures somptueuses aux symboles mystérieux gravés sur la pierre comme un ultime témoignage de civilisation disparue. »
‘’Soyez Patient’’ dit l’évangile de Thomas (Logion 42).
"C’est ce que fait tout voyageur dans son périple. Il laisse l’ombre de ses pas dans la poussière des chemins des pays qu’il traverse.
Auteur photographe depuis une quinzaine d’années, mes pas m’ont porté au gré des envies et des commandes dans divers pays, à découvrir des espaces habités, en transformation ou au contraire délaissés. Des lieux qui illustrent la diversité des modes de vie, des croyances et des coutumes, et la relation si intime que l’homme entretient à son territoire. Cette approche commence certainement par l’amour de la littérature de voyage, celle des aventures de Jules Verne ou des expéditions de Marcel Griaule et de Théodore Monod. Celle qui permet d’imaginer, de s’évader par procuration dans deux dimensions complémentaires: le temps et l’espace. Cet intérêt s’est poursuivi durant mes études de Lettres. La rencontre avec Parviz Abolgassemi, éminent poète iranien, fut décisive. Enseignant à Aix-en-Provence, devenu un ami, Parviz m’ouvrit les portes de la littérature orientale, des grands poètes persans, et attira mon attention sur les passerelles entre philosophie et religion. Je choisis ainsi comme sujet de maîtrise l’histoire des croyances et des rites d’initiation.
Grâce à Parviz et à la connaissance de ces textes multiples, j’ai pu prendre conscience de l’importance de la lumière dans les différentes traditions, thème se retrouvant sans nul doute comme en écho dans le processus de l’image photographique. Mais rien ne sert de rester dans les livres si l’on ne peut pas frotter sa propre expérience au monde. Alors il faut passer à l’action, et partir. Découvrir les autres, leurs rituels, leur environnement. Les voyages m’ont fait comprendre à quel point ces lieux sont également ce qu’il reste de l’homme, ou de la communauté, lorsque celui-ci n’est plus. C’est à travers cette matérialité, plus ou moins durable ou altérable, que l’on peut retrouver celui, celle ou ceux qui ont vécu. C’est lors d’un premier voyage au Mali en 1998, en pays Dogon, que je m’essaye véritablement à la photographie. La lumière de l’Afrique et ses jeux de contrastes sont mes premiers sujets. Très rapidement, j’ai à cœur de partager ces images et je commence à exposer dans plusieurs lieux autour de Marseille et dans des festivals à l’étranger. C’est ainsi que je me suis rendu en Syrie...
« À ce moment-là, l’Orient tel que je l’avais imaginé s’exprime avec force : mélange de musique, de senteurs et de saveurs insoupçonnées. »
Michel Eisenlohr, photographe de la Lumière
Né à la Ciotat en 1974, Michel Eisenlohr est auteur photographe depuis une quinzaine d’années. Son itinéraire photographique est le fruit d’une passion pour la littérature de voyage, d’un parcours universitaire consacré à l'étude des rites de l’Initiation et de ce goût de l’autre qu’il renouvelle à chaque destination. C’est lors d’un voyage en 1998 en pays Dogon qu’il réalise ses premières images. Depuis, il poursuit ses reportages en France et à l’étranger, sur le pourtour méditerranéen, de l’Afrique de l’Ouest au Proche Orient, en Inde ou plus récemment en Islande ou en Asie. Il s’attache aux paysages urbains, avec pour premier thème Marseille, sa ville de jeunesse, et dresse le portrait de Gênes, Porto, Alep, Reykjavik ou encore HongKong. Esprit des villes, architectures contemporaines, mémoire des lieux et territoires en mutations : autant de sujets sur lesquels il aime porter son regard lors de reportages personnels ou pour répondre à de nombreuses commandes d’institutions culturelles. Son prochain projet au long cours le conduira ainsi sur les traces des phares construits au XIXe siècle le long du littoral de l’ancien Empire ottoman.
Par ses multiples facettes, le travail de Michel Eisenlohr assume une grande liberté artistique. Photographe de la trace, de la lumière et du sensible, son travail est régulièrement présenté en France et à l’étranger, et fait l’objet de publications.
Informations pratiques Exposition la Syrie en noir et blanc au Musée d’Archéologie Méditerranéenne
« Palmyre, Alep, Damas. La Syrie en noir et blanc. Photographies Michel Eisenlohr»
Du 11 septembre 2020 au 24 janvier 2021 Musée d’Archéologie Méditerranéenne - (MAM) Centre de la Vieille Charité 2, rue de la Charité 13002 - Marseille
Entrée : Gratuite
Ouvert Du mardi au dimanche de 9h à 18h Fermeture hebdomadaire le lundi, sauf les lundis de Pâques et de Pentecôte.
Fermeture les jours suivants : 1er janvier, 1er mai, 1er et 11 novembre et le 25 décembre. Fermeture de la billetterie 30 minutes avant la fermeture du musée.
Téléphone : 04 91 14 58 60
Autour de l'exposition la Syrie en noir et blanc au Musée d’Archéologie Méditerranéenne
L'exposition sera l'occasion de nombreux évènements scientifiques et à destination des publics. Une journée d'étude, autour des photographies de Michel Eisenlohr; de l'archéologie et de l'actualité syrienne, aura lieu le 16 janvier 2021 au Centre de la Vieille Charité. Il sera suivi d'une soirée caritative, autour d'un buffet syrien, dans la chapelle du Centre de la Vieille Charité, au profit de l'ONG HumaniTerra, chirurgiens du monde, dirigée par le professeur de chirurgie reconstructrice Christian Echinard.
Soirée caritative autour d’un buffet syrien Jeudi 21 janvier 2020 à partir de 19h30 (La Chapelle) Sur réservation uniquement au 04 91 14 58 60
Autre information pratique :
Désireux d'élargir leur diffusion au plus grand nombre, les Musées de la Ville de Marseille poursuivent leur déploiement sur le net et les réseaux sociaux en lançant leur chaîne Youtube tout public et le portail musees.marseille.fr.
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