- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 4 min
La Villa Sauber présente les céramiques d’antan et les plus contemporaines…
Cristiano Raimondi, « Commissaire-invité » du Nouveau Musée National de Monaco (NMNM) a concocté l’exposition « Artifices Instables » à travers une sélection de 120 pièces. Il a imaginé une scénographie entre atelier et cabinet de curiosités, un cheminement qui révèle la diversité non seulement des formes et des décors, mais aussi des processus de fabrication. C’est toute l’histoire de l’Art de la céramique qui nous est contée…
"La céramique n’est pas une futilité" ... Son histoire à découvrir à la Villa Sauber au Nouveau Musée National de Monaco (NMNM). Exposition jusqu'au 21 février 2021.
C’est Paul Gauguin qui déclarait « La céramique n’est pas une futilité » : pour s’y être adonné vers 1887, il prophétisait qu’on lui reconnaîtrait un jour le mérite d’avoir élevé la céramique au rang d’art. Un art qui a poursuivi son émancipation durant le siècle suivant, sans jamais cesser d’interroger sa genèse, le rapport de l’objet d’art « à la marchandise ». Ces considérations produisent entre les œuvres les échos subtils que nous raconte cette exposition.
« J’ai fait le choix de traiter de la céramique comme une matérialité hétérogène et instable narrant des récits transversaux » Cristiano Raimondi
Poteries artistiques (1871-1918)
La poterie avant la céramique
A sa première période : 1874, la fabrique de Poteries artistiques de Monaco « à la manière du mouvement Arts & Crafts, fait surgir de ses pièces des décors floraux et animaliers très colorés tout en figeant dans la terre les produits phares du terroir comme le citron et le raisin souvent représentés dans une paille tressée émaillée ». A cette même période, dans l'état américain du Mississippi, George Ohr, alias « le céramiste fou de Biloxi » crée durant près de trente ans des pièces dites « magiques », des vases émaillés déstructurés, expérimentant : formes, processus de fabrication et assemblages. George Ohr est reconnu aujourd’hui comme un pionnier de l’art moderne américain ! La deuxième période de la Poterie de Monaco (1907-1914) est symbolisée par les œuvres du céramiste français Eugène Baudin qui s’installa dans le Midi en 1906.
Les années 50, la naissance des ateliers de Vallauris
Révolution esthétique de la poterie, la céramique de Picasso
L’artiste Monégasque Albert Diato, découvre le travail de la terre dans l’atelier Madoura à Vallauris il participe dès lors à la révolution esthétique de la poterie. La présentation d’assemblages en céramiques de Pablo Picasso réalisées dans les mêmes ateliers ouvrira de nouvelles perspectives dans les champs de la création contemporaine occidentale de céramique, écrivant ainsi d’autres histoires d'« artifices instables », d’où le titre de l’exposition….
Le jeune commissaire, Cristiano Raimondi définit sa démarche : « J’ai fait le choix de traiter de la céramique comme une matérialité hétérogène et instable narrant des récits transversaux ».
Un voyage autour du monde de la céramique…
L’Italienne Chiara Camoni et la Syro-libanaise Simone Fattal imaginent des créatures mythologiques ; la Vénézuélienne Magdalena Suarez Frimkess inculque à la céramique un message socio-politique. L’Américain Ron Nagle, échappe aux conventions de son époque avec ses pièces inspirées par les paysages et détails architectoniques de San Francisco, par la culture japonaise et l’œuvre de Giorgio Morandi.
Une histoire à lire dans l’ouvrage co-édité par le NMNM et Mousse Publishing : textes de Cecilia Canziani, Valérie Da Costa, Chus Martinez, Cristiano Raimondi et Agnès Roux.
Entrée gratuite jusqu'au 3 janvier - NMNM - Villa Sauber - 17 avenue Princesse Grace, Monaco – Exposition prolongée Jusqu’au 21 février 2021