- Auteur Viviane Le Ray
- Temps de lecture 7 min
Voyage au cœur de l’œuvre unique d’Alberto Giacometti…
La Fondation Giacometti associée au Grimaldi Forum Monaco, présente pour la première fois en Principauté, du 3 juillet au 29 août, un exceptionnel voyage au cœur de l’œuvre du sculpteur et peintre Suisse intitulé « Alberto Giacometti. Une rétrospective. Le réel merveilleux », placée sous le commissariat d’Émilie Bouvard, Directrice scientifique et des collections de la Fondation. Sous nos yeux plus de 230 œuvres, photographies, objets. Cette exposition s’inscrit dans le cadre des grandes monographies, telle que celles de Picasso et Wharhol, initiées ces dernières années par l’équipe du Grimaldi Forum.
Exposition « Alberto Giacometti. Une rétrospective. Le réel merveilleux » du 3 juillet au 29 août 2021 - Grimaldi Forum Monaco. Une rétrospective jamais présentée en Europe.
« Une sculpture n’est pas un objet, elle est une interrogation, une question, une réponse, elle ne peut être ni finie ni parfaite. »
« Alberto Giacometti, Une rétrospective. Le réel merveilleux »
Le « réel merveilleux » dans l’œuvre de Giacometti
Rencontre avec Catherine Alestchenkoff, Directeur des événements culturels du Grimaldi Forum
En avant-première, nous avons élu pour guide, Catherine Alestchenkoff, Directeur des événements culturels du Grimaldi Forum Monaco, depuis son ouverture en l’an 2000 : De Pornic à Paris, de Paris à Monte-Carlo, c'est la belle histoire d'une « grande fille toute simple » : Catherine Alestchenkoff, après une expérience de dix ans au Musée d'Art Moderne et à Paris Musées, en septembre 2000 est nommée Directeur des événements culturels du Grimaldi Forum, flambant neuf Centre des congrès de la Principauté : Un virage à 180° pour la jeune femme qui ne connaissait personne en Principauté, et pas du tout la Côte d'Azur et la Méditerranée : "Je peux dire que j'ai découvert le Grimaldi à peine terminé avec des bottes et un casque !"
Viviane Leray : Catherine Alestchenkoff, tout d’abord, comment s’effectue le choix des thèmes des grandes expositions estivales ?
Catherine Alestchenkoff : Conséquence heureuse d’une annulation d’exposition, celle de Jeff Koons, qui nous avait condamnés à monter un nouveau thème en 9 mois, nous avons mis depuis en place une programmation à long terme qui nous permet de travailler en profondeur et plus jamais dans l'urgence… Nous sommes une petite équipe, je dirai que je suis la cheville ouvrière entre le sujet, les prêteurs, les scénographes, un relais pour la redistribution des rôles, la coordination de l'ensemble. Soit nous initions les sujets, soit ils viennent à nous spontanément, ce qui est de plus en plus le cas aujourd’hui…
V.L.R : Titre de l’exposition estivale 2021 : « Alberto Giacometti. Une rétrospective. Le réel merveilleux ». Catherine Alestchenkoff, le « réel merveilleux » dans l’œuvre de Giacometti ?
Catherine Alestchenkoff : Ce voyage dans la création d’Alberto Giacometti se fera sous le signe de l’émerveillement, comme lui-même l’a souvent exprimé… Emilie Bouvard, commissaire de l’exposition a repris le vocabulaire de Giacometti, qui s’attachait aux petites choses, aux objets de son quotidien, c’est l’approche sensible de l’homme Giacometti, l’approche d’un personnage toujours dans l’émerveillement de l’acte créatif. C’est une autre manière d’appréhender l’oeuvre du sculpteur qui a un regard extrêmement obsessionnel, qui n’était jamais satisfait : un artiste et un homme à la poursuite de l’absolu. Alberto Giacometti était dans le processus de destruction de son œuvre, destruction qui faisait partie intrinsèque de son processus de création. Emilie Bouvard nous le fait comprendre par son approche chronologique qui nous fait découvrir que dès son enfance, Giacometti va initier ses premières sculptures, celles de son frère Diego qui sera présent tout au long de sa vie, de son œuvre, demeurant un modèle récurrent… Puis nous arrivons à l’influence de l’avant-garde, du surréalisme et puis à la fin des années 40. C’est alors l’approche sérielle dans l’œuvre de Giacometti, les têtes, les sculptures allongées, des variations sur un même thème. On comprend alors toutes les obsessions du sculpteur sur la représentation du corps de la femme pour aboutir en épilogue à « L’Homme qui marche », œuvre de synthèse et de conclusion de cette approche en apothéose dans l’espace de 4 000M² de l’espace Ravel… Le visiteur va vivre l’expérience d’une œuvre sculptée jamais autant déclinée, que la Fondation Giacometti revendique comme une rétrospective jamais présentée en Europe…
V.L.R : Comment se présente, s’est construite la scénographie de l'exposition ?
Catherine Alestchenkoff : La scénographie est due au travail de notre « scénographe Maison » depuis plusieurs années : William Chatelain qui a été mise à l’épreuve d’une exposition particulièrement difficile à mettre en scène, certaine sculptures ne pouvant se voir que frontalement, d’autres en tournant autour : pas besoin de surenchère mais d’un espace très épuré, et d’un éclairage exceptionnel, certaines œuvres ont nécessité 5 ou 6 spots, qui mettent en valeur leur beauté qui a sont tour va émerveiller le visiteur… Le parcours fait la part belle à toutes les périodes, à tous les médias, sculpture (plâtres, bronzes), peintures, dessins, estampes, auxquels Giacometti a eu recours. Il permet une vue complète de sa création, des œuvres de jeunesse à la période surréaliste, du retour à la figuration à son travail d’après modèle, jusqu’à l’invention des grandes icônes de l’après-guerre. 230 œuvres mises en scène accompagnées de photographies, jalonnée de chefs-d’œuvre autour de 14 séquences originales. Le parcours restitue l’esprit de l’atelier en révélant les interrogations qui marquent le processus créatif d’Alberto Giacometti. On découvrira aussi son rapport à la solitude, à la mélancolie, et son travail acharné avec ses modèles : sa femme Annette, son frère Diego, ses amis proches…
V.L.R : En 2008, devant le succès croissant des expositions estivales vous lancez, avec Sylvie Biancheri, Directeur Général, le challenge des expositions itinérantes à travers le monde griffées « GMF ». Un challenge plus que réussi, même si freiné par la pandémie….
C.A : La programmation culturelle du Grimaldi Forum, au fil des ans, s’ouvrant à un public de plus en plus large ayant acquis une forte lisibilité médiatique, bien au-delà de la Principauté, nous avons tissé des liens avec de grandes institutions ou des collections de renom qui ont contribué à ancrer le Grimaldi comme un lieu d’Art incontournable, d’abord sur la côte d’Azur puis à partir de 2008 sur la scène internationale. Nous avons alors lancé l’itinérance de nos expositions à l’étranger. C’est ainsi que vont revivre « Cléopâtre et les Reines d’Egypte » pour le groupe japonais NHK en 2015 à Tokyo et Osaka ; l’exposition « Francis Bacon » au musée Guggenheim de Bilbao en 2016 ; « Princes et Princesses de Monaco » à la Cité interdite à Pékin, en 2018 ; l’exposition « De Chagall à Malévitch » à la Fondation Mapfré à Madrid, en 2019, sans oublier l’exposition phare « Les années Grace Kelly, Princesse de Monaco » (plus de 130.000 visiteurs à Monaco) exposition qui depuis 2017 ne cesse de voyager dans le monde entier. En 2019, à l’aube des 20 ans, le Grimaldi Forum Monaco signait sa 18ème exposition itinérante à l’étranger !
Eté 2021, Optimisme oblige : Exposition de Bijoux d’artistes à l’Espace indigo…
Sylvie Biancheri, directeur général du Grimaldi Forum annonce une seconde exposition, en cet été de la renaissance, du 11 juillet au 19 août : baptisée « Bijoux d’artistes de Calder à Koons », bijoux issus de la collection appartenant à Diane Venet, en provenance directe du Musée des Arts Décoratifs de Paris…
Photo à la Une : Alberto Giacometti dans son atelier de Stampa, 1961
Photo : Ernst Scheidegger
Archives de la Fondation Giacometti
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