- Auteur Danielle Dufour-Verna
- Temps de lecture 7 min
Une année – un auteur / Camus – Exposition itinérante
“Albert Camus au plus près” … À l’initiative de la Région Sud, et réalisée par ARSUD, l’Hôtel de Région à Marseille l’Hôtel de Région présente l’exposition qui a tourné depuis l’ouverture de l’Année Camus en différents lieux du territoire (lycées, festival du livre, places communales, bibliothèques…)
L'Hôtel de la Région SUD, s'ouvre au public les 17 et 18 septembre à l'occasion des Journées Européennes du Patrimoine, pour l'inauguration de l'exposition itinérante sur "Albert Camus au plus près".
« Plus je produis, moins je suis sûr. À la manière dont un artiste travaille, la nuit tombe de plus en plus épaisse. Finalement, il est mort aveugle. Ma seule foi est habitée par la lumière, à l'intérieur, et elle ne peut pas voir, et elle brille quand même. Mais comment en être sûr. C'est pourquoi nous devons compter sur l'ami, quand il sait et comprend, et sur lui-même pour marcher au pas. »
Une année un auteur, Exposition "Albert Camus au plus près"
Dans le cadre du Label "Une année, un auteur" consacré à Albert Camus, l’exposition itinérante "Albert Camus au plus près" sera encore visible jusqu'au 31 décembre 2022, en différents lieux du territoire.
Programme de l'Exposition "Albert Camus au plus près" à l'Hôtel de Région
17 septembre à 11h: Inauguration de l'exposition "Albert Camus au plus près" , puis visite guidée par le commissaire d'exposition Alexandre Alajbegovic.
18 septembre à 11h : Lecture publique des correspondances d’Albert Camus à René CHAR
« Albert Camus et la pensée de midi » …
En parallèle, la Région Sud inaugurera vendredi 16 septembre l’exposition « Albert Camus et la pensée de midi » à l’Alcazar, Bibliothèque de Marseille. Durant l’exposition jusqu’au 31 décembre 2022, plusieurs temps d’échanges autour de la pensée et l’œuvre de Camus seront programmés à l’Alcazar : rencontres, lectures, spectacle et projections.
Albert Camus, écrivain, prix Nobel de littérature en 1957
« Pour son importante production littéraire, qui éclaire avec un sérieux clairvoyant les problèmes de la conscience humaine à notre époque »
Caractère de la plus haute valeur intellectuelle et morale, toujours à contre-courant, souvent tourmenté, porte-drapeau d'un nouvel humanisme, le travail d’Albert Camus vise toujours à étudier les perturbations de l'âme humaine face à l'existence, à la merci de l'absurde, c’est à dire de l'irrationalité qui cause des souffrances inutiles et dénuées de sens, d'où le terme d'absurdité parfois utilisé pour définir sa philosophie.
La seule finalité de la vie et de l'action, pour Camus, qui semble s'exprimer dialectiquement de l'intimité expérientielle, réside dans le combat, dans la société, les injustices ainsi que les expressions de peu d'humanité, comme la peine de mort. ...
« Il n'y a qu'un seul problème philosophique sérieux vraiment grave : celui du suicide. Juger si la vie est ou n'est pas digne d'être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie. »
Albert Camus, sa biographie en quelques notes
Albert Camus naît à Mondovi (Algérie) le 7 novembre 1913 dans une famille française vivant en Algérie. À Alger, il étudie dans des conditions économiques difficiles et commence à travailler comme acteur et journaliste. Dès 1940 à Paris, il participe à la résistance. Après la guerre, il est rédacteur en chef du journal "Combat". En 1957, Albert Camus reçoit le prix Nobel de littérature (avec cette motivation : « pour son importante production littéraire, qui éclaire avec un sérieux clairvoyant les problèmes de la conscience humaine à notre époque ».
En 1958, il achète une maison à Lourmarin en Provence. Le 4 janvier 1960, il part pour Paris en compagnie de Michel Gallimard. Sa Facel Vega s’écrase contre un platane sur la route nationale alors qu'il roulait à 140 km à l'heure. Albert Camus meurt dans un accident de voiture à seulement 46 ans.
Le mouvement littéraire d'Albert Camus
En 1936, Albert Camus publie son premier écrit, Révolte dans les Asturies, aux éditions Edmond Charlot. Il s’impose en 1942 avec le roman L'étranger et l'essai Le mythe de Sisyphe. Camus atteint une grande notoriété avec une deuxième œuvre de fiction, La Peste (1947). À travers la description d'une ville assiégée par une épidémie, ‘La Peste’ offre une allégorie de la guerre et de l'occupation nazie et, plus largement, de la condition humaine. Parallèlement à cela, il mène une activité théâtrale, avec Le Malentendu (1944), Caligula (Caligula) qu'il avait déjà écrit en 1938 et qui fut joué en 1945, L'État de siège (1948), Les Justes (1950).
Les correspondances d’Albert Camus à René CHAR
René Char - Poète
Né à L'Isle-sur-la-Sorgue en 1907, René Char passe toute sa jeunesse en Provence dont le paysage est toujours présent dans sa poésie. Il participe à la résistance. Dans sa phase surréaliste, il écrit Artine (1930), Le Marteau sans maître (1934). Cette résistance lui inspire Les draps d'Hypnos (1946), qui lui apporte la notoriété. Il a le goût de la fulgurance des images et un style qui s'oppose durement à l'éloquence, dur et contracté jusqu'à l'aphorisme. Dans ses dernières œuvres, il est un poète essentiellement lyrique. René Char croit au langage comme accord harmonieux entre l'imagination et la nature, et sait fondre dans chaque phrase une extraordinaire et parfois énigmatique tension communicative. Certaines de ses œuvres sont densément métaphoriques et symboliques.
Albert Camus/ René Char : Une amitié de géants
« Je ne me résigne pas à voir que la vie n'a pas de sens » Albert Camus à René Char
Un écrivain et journaliste algérois et un poète provençal, rien ne semblait destiner à la rencontre de ces deux êtres. C’est par leur travail que les deux artistes vont se découvrir et s’apprécier.
C’est la rencontre entre deux grands écrivains qui, à travers les lettres qu'ils s'écrivent, racontent une amitié et une vision commune.
À travers leurs mots, nous pouvons lire la grande leçon d'un monde perdu, celle d'un XXe siècle où ses grands écrivains ont été capables de construire une civilisation littéraire. La fraternité et le respect mutuels sont également à l'origine de la rencontre entre Camus et Char, qui écrivent en se disant ‘vous’ et se parlent dans leurs missives, bannissant l'égoïsme et la rivalité. Ce qui les intéresse, c'est d'être amis pour dialoguer et servir leur grand amour commun de la littérature et de la vérité.
La correspondance entre 1946 et 1959 d’Albert Camus et René Char est le témoignage rare d’une amitié profonde entre deux artistes et intellectuels majeurs du XXème siècle.
Une rencontre littéraire dans une époque de démesure et d’irrationalité
Engagé dans la Résistance sous le nom de Capitaine Alexandre, c’est là que René Char parcourt L’Etranger d’Albert Camus. Quelques années plus tard, Albert Camus, qui dirige la collection Espoir chez Gallimard, publie Les Feuillets d’Hypnos que René Char a rédigé durant la guerre. C’est alors que naît leur amitié et que débute cette correspondance (184 lettres, billets et cartes postales) dans laquelle ces deux grands écrivains expriment l’attachement profond et l’admiration qu’ils se portaient mutuellement.
Les deux amis se sont vus régulièrement, mais moins souvent qu'ils ne l'auraient souhaité. Leur correspondance est donc irrégulière. Char, contrairement à Camus, datait rarement ses lettres, surtout à partir de 1956, lorsque Camus s'installe définitivement à Paris, dans le même immeuble que René Char. René Char et Albert Camus étaient comme des frères. Mais ce qui rend leur correspondance significative, c'est la manière dont elle a commencé : la rencontre et la reconnaissance de deux œuvres au moment même où elles convergeaient dans une époque de démesure et d'irrationalité.
Deux amis qui parviennent à une intuition en se rencontrant dans le sens de leurs œuvres. Ces lettres sont des documents qui évoquent toute l'humanité d'un monde littéraire peuplé de grands maîtres.
Dans l'échange épistolaire entre Camus et Char se trouve toute la grande leçon du XXe siècle. Cette grande leçon doit être reproposée aujourd'hui. Sa vitalité créative est peut-être nécessaire à notre époque où nous ressentons l'absence de maîtres de la lumière.
Une exigence commune de la beauté
« Je crois que notre fraternité - à tous les niveaux - va encore plus loin et nous prévoyons de vivre cette expérience. » (Char / Camus, 3 novembre 1951).
C'est cette exigence commune de la Beauté comme réponse politique aux excès de l'idéologie qui unit les deux artistes à la fin de la guerre.
Ferment de leur amitié, la première ‘reconnaissance’ inaugure une correspondance de plus de douze ans qui accroît leur affection mutuelle et révèle leurs convergences artistiques.
Ils partagent leurs manuscrits, ils confient leurs doutes, ils dédicacent leurs œuvres (la réimpression d'Hypnos et les feuilles actuelles) et remplissent les dédicaces de chaque nouvel exemplaire, chacun d'entre eux portant leur fraternité dans les bras et dans l'âme.
"A vous cher René, ces confidences, et une amitié de cœur, fraternellement. / Albert Camus. / Juin 59".
Informations pratiques Exposition "Albert Camus au plus près"
Hôtel de Région
27, place Jules Guesde 13002 Marseille
Entrée gratuite