- Auteur Yvan Souares
- Temps de lecture 5 min
Abstraction Attraction, l’exposition “dans-les-murs” à 361° – Aix-en-Provence
Âmes sensibles, cette expo est pour vous! Vous aimez l’illusion sans en être toujours dupe ? Vous êtes rêveurs, gourmands de réalité revisitée ? Allez donc vous promener, de fontaine en fontaine, à travers les ruelles d’Aix-en-Provence, jusqu’à l’Espace 361°, une galerie d’art contemporain au cœur bien plus grand que ses murs.
Abstraction Attraction la nouvelle exposition photo "dans-les-murs" à voir jusqu'au 20 novembre 2021 à Espace 361°, galerie d'art contemporain à Aix-en-Provence.
L'expo photo "Abstraction - Attraction", l'art contemporain au féminin
Un premier pas en-dedans et la rue vous échappe... Vous voilà happés par une expérience de celles qui vous attirent : une alchimie de matière et de lumière, bien réelles, dont il vous appartient néanmoins de faire votre miel vous-même, en toute liberté. Une gourmandise à la mesure de votre imagination, que vous offrent quatre artistes ; quatre femmes avant tout. Trois photographes et une céramiste, pour faire court, bien qu'elles soient aussi peintre, pianiste, conteuse, illusionniste, amoureuses... Quatre femmes qui vous proposent de partager leur perception singulière du réel, leur passion d'être au monde et de se monter à travers sa sensibilité. C'est tout un art, vous en conviendrez...
Toute expérience est personnelle, à fortiori dans l'abstraction
"[...] Moi, mon but, c'est que vous rentriez un jour dans une galerie, que vous regardiez cette pièce là, que vous ayez envie de la toucher, allez-y, touchez la ! que vous imaginiez plein de choses, et que vous rougissiez ... " Emmanuelle Stolar Vélon
Emmanuelle Stolar Vélon, sculpteur céramiste
La mienne a pris forme dans les soupirs des petites sculptures palpitantes d'Emmanuelle Stolar Vélon, disposées à l'entrée. Globes, lobes, fuseaux, étuis flottants aux teintes douces et au galbe rassurant, qui respirent le mystère harmonieusement... Entités organiques ? Matrices ? Elles attirent la caresse du bout des doigts, ou la prise en mains, avec précaution... Pas tant pour se persuader qu'il s'agit bien d'objets que pour guetter leurs frémissements, ressentir leur intimité... L'artiste a longtemps joué du tour, son instrument, pour mieux s'en détourner et vous jouer des tours, à présent. Emmanuelle détourne ses sculptures d'un devenir académique dont elle s'est lassée, « un vase un jour, une théière un autre... », et préfère les modeler de son vécu : « Je suis une femme, j'ai l'âge que j'ai, j'ai vécu des choses magnifiques dans la vie, des histoires d'amour incroyables. Le corps a énormément compté pour moi, et j'ai eu envie de raconter tout ça dans chacune de mes pièces. Moi, mon but, c'est que vous rentriez un jour dans une galerie, que vous regardiez cette pièce là, que vous ayez envie de la toucher – allez-y, touchez la ! que vous imaginiez plein de choses, et que vous rougissiez... ». Oserez vous ?
Lorraine Thiria, photographe
Puis j'ai rasé les murs, pour dévaler les lignes de fuite de la lumière dans les photographies de Lorraine Thiria : « Les murs sont pour moi une seconde peau, une présence corporelle, une mémoire... Je tente d'en saisir les lignes, les failles, les blessures, et d'en traduire le langage. ». Dans ses clichés finement travaillés de pierres et de béton, j'ai éprouvé les contraintes de l'Homme sur la matière, et constaté avec joie que la lumière y a toujours le dernier mot. Idem, dans sa série de « photographies de tableaux », dont Claude Monet et René Laubiès auraient apprécié les délicates atmosphères impressionniste et nuagiste. Avec son « filtre pictural », Lorraine met l'imagination à la fête : « J'ai été peintre pendant des années, et je me suis aperçue, au fil du temps, que j'ai une vision abstraite de la réalité. Disons que je prends en photo ce que je vois en peinture... ». C'est à voir. (Photo à la Une)
Morgane Delrive, photographe
J'ai grimpé quelques marches, pour me perdre et me retrouver, surpris, dans les curieux personnages et les voiles translucides des clichés de Morgane Delrive. C'est par la sociologie qu'elle a d'abord nourri sa recherche sur les représentations du corps, avant de transposer son regard dans la photographie de l'imprévu, dans les vitrines de nos boutiques : « Dans mes photos, les reflets deviennent des miroirs de nos propres vies, et les mannequins nous renvoient à qui nous sommes. Je cherche à perturber, à inviter le spectateur à s'attarder autour de ces silhouettes impersonnelles et de ces paysages urbains superposés en couches presque transparentes. La stratification des images interroge la formation du point de vue... ». Quand Morgane fait du lèche-vitrine, elle épingle l'abstraction dans l'instant, sans superposition ni montage, mais avec talent.
Alex Fon, photographe
Alex Fon est bien plus que ça, ça va sans dire, mais elle est aussi une photographe en noir et blanc. « Je travaille beaucoup le noir – dit-elle en vous invitant à constater qu'elle en est entièrement vêtue, du coup je suis aussi toujours masquée, dans mes interviews ou mes photos ... ». Elle dit de son univers qu'il est celui du mystère et des freaks. Elle partage l'alchimie de ses photos avec sa meilleure amie et modèle, également photographe « … de la nature et des animaux, qui s'appelle Black Shadow, et qui est assistante vétérinaire... ». Alex dit aussi que, dans son travail, elle expose quelque fois les corps comme le ferait un taxidermiste... L'image est forte. Et cela se voit dans la série de 6 clichés qu'elle partage à l'Espace 361°, sur le thème du conte de... La Belle et la Bête. Du sur-mesure ? Sans doute pour chacun d'entre nous...
Abstraction Attraction, une exposition qui tient ses promesses. A voir du 1er au 20 novembre au centre d'art contemporain l'Espace 361°, 2 rue de l'Annonciade - Aix-en-Provence.