- Auteur Joseph Lustro
- Temps de lecture 7 min
Whenever I’m alone with you – Guillaume Campanacci
Iconoclaste “Whenever I’m alone with you” de Guillaume Campanacci, ne va certainement laisser personne indifférent… Si des personnes vont adorer, d’autres vont détester…mais après tout le plus important est surtout que l’on en parle !
Présenté dans le cadre du "Cannes Word Film Festival", Remember the Futur, et par sa présidente Karolina Bomba, la projection du film Whenever I'm alone with you de Guillaume Campanacci et Vesper Egon, en avant-première française au Cineum de Cannes, concourait pour la compétition, qui récompensera au mois de Juin 2024 la meilleure oeuvre issue de la sélection d'une dizaine de films.
Film semi autobiographique, cette comédie à la fois romantique et dramatique a été déjà récompensé dans plusieurs festivals, dont Oldenburg en Allemagne, Girona en Espagne ou encore Matera en Italie.
Le film a été co-écrit, co-réalisé et co-produit par Guillaume Campanacci et Vesper Egon qui sont également les principaux interprètes du film.
Who's Guillaume Campanacci ?
Ancien mannequin, un diplôme d'ingénieur dans la poche, Guillaume Campanacci s'ennuie et décide sur le tard, à l'âge de 27 ans de se lancer dans le métier de comédien. Il s'envole alors vers les États Unis, et fait une école d'acting à New York, une sorte d'Actors studio de notre temps. Il tourne avec Jane Fonda, Eva Longoria, David Lynch et David Fincher, excusez du peu...Et puis il ose un pari risqué, réaliser des films..."Whenever I'm Alone With You", référence au titre du groupe Punk The Cure, est son deuxième long métrage.
Whenever I'm alone with you - Le Pitch
Guillaume est revenu vivre dans sa famille dans le sud de la France après une tentative de suicide à cause d'une rupture à Los Angeles. Vedrana, en vacances à Cannes meurt lentement dans une relation sans amour. Quand elle rencontre Guillaume, elle est décidée à le faire aimer à nouveau, jusqu'à ce que la fiancée américaine de Guillaume se présente à sa porte, enceinte.
Amour, Sarajevo, Cannes... Pari Gagnant
La réalisation a été tournée en grande partie dans la région Cannoise et dans la ville de Mandelieu d'où Guillaume Campanacci est originaire.
On peut ainsi découvrir les merveilleux paysages de la Côte varoise et profiter d'une belle balade sur la corniche du bord de mer au volant d'une Porsche 356 Speedster qui n'est pas sans rappeler une des scénes de La Main au collet d' Hitchcock.
Le film nous entraîne dans une spirale amoureuse où Guillaume, exploite à merveille sa palette d'acteur avec toutes sortes d'émotions, de sensibilité et de statuts, il passe ainsi du punk inquiétant outrageusement maquillé armé d'un fusil, à un père de famille machiste, puis d'un intellectuel branché à un amoureux dépressif fumant cigarettes sur cigarettes et enfilant des mignonnettes d'alcool (il nous rassure ce n'était que du cinéma et de l'eau !).
Whenever I'm alone with you, Vesper Egon : co-réalisatrice, actrice
Vesper Egon, co réalisatrice et co-productrice n'est pas en reste non plus et on découvre une très jolie actrice au jeu sophistiqué, avec un visage lumineux qu'on ne peut oublier et qui donne une superbe réplique à Guillaume.
Au-delà du jeu d'acteurs professionnels, s'est donc glissé la famille Campanacci et on assiste à des scènes truculentes comme le repas de famille où Gilles, le père de Guillaume fait son show avec humour...
"On dit bien Gucci, alors pourquoi on dit CampanaSSI !..."
Whenever I'm alone with you, notre critique film
Mais la où le film peut déranger, c'est dans son montage et sa mise en scène.
De scènes saccadées, comme coupées au milieu d'une phrase, ou bien qui changent de couleurs, sursaturation de mise, sous titres énigmatiques, situations décalées, voire absurdes, on est un peu bousculé par le cinéma de Guillaume Campannaci et Vesper Egon, mais c'est ce qui fait aussi sa singularité et son originalité... tout le monde ne va pas suivre.
Par sa réalisation non académique, le film nous fait penser un peu aux images d'un Gaspard Noe, lui aussi un metteur en scène iconoclaste. Mais si on se laisse porter, on assiste à un trip étonnant de couleurs, de scènes cocasses, étranges et in fine inclassables...à vous de voir.
Guillaume Campanacci l'avoue à demi mots, il s'est inspiré de son maître Jean-Luc Godard et cite dans le film la célèbre réplique de Belmondo dans A bout de souffle "... si vous aimez pas la montagne, si vous aimez pas la mer... Allez vous faire foutre".
La scène du baiser final nous fait d'ailleurs penser à celui que donne Belmondo à Anna Karina, dans une autre film de Godard "Pierrot le fou".
Le film est d'ailleurs dédié à ses deux acteurs inoubliables.
On soulignera également, à la fois le risque et le choix particulier du casting, qu'a fait Guillaume, qui à l'instar du réalisateur Robert Guediguian, fait jouer sa tribu...en l'occurrence sa famille, avec sa mère Sylvie, sa grand mère de 97 ans, sa sœur, son beau frère, sa belle sœur, et les enfants, tout le monde y passe, avec une mention spéciale à son papa Gilles pour sa remarquable interprétation toute en gouaille et naturel.
Ce film réalisé à deux mains va certainement détonner dans le giron classique du cinéma français. Cela donne également un vent de fraicheur et de nouveauté.
Whenever Alone I'm alone with you va d'ailleurs continuer son chemin, avec le Gala de Red Movie Award en mai et le Gala World Festival Film en juin à Cannes, en 2024.
Et maintenant ?
Guillaume Campanacci est déjà sur le script de son troisième long métrage qui sera très différent de ce dernier. Il s'agira d'un thriller qui se déroulera dans le monde du maquinnat, l'univers sera très sombre et parlera de prostitution...
Guillaume Campanacci, pour terminer nous livre deux citations de son mentor préféré Jean-Luc Godard, qui forcément l'a fortement inspiré dans ce film...
" Toute histoire doit avoir un début, un milieu et une fin, mais pas forcément dans cet ordre-là."
" Tout ce dont vous avez besoin pour faire un film, c'est d'une fille et d'un flingue. "