- Auteur Philippe Depetris
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« Il était une fois Michel Legrand » un film documentaire de David Hertzog Dessites (2024)
« Il était une fois Michel Legrand » ou le portrait sincère d’un créateur hors du commun. Rencontre avec le réalisateur David Hertzog Dessites lors de la projection du documentaire musical au Palais des Festivals de Cannes le 7 octobre 2024.
Capture image Il était une fois Michel Legrand, film documentaire de David Hertzog Dessites ©DR
Le 4 décembre 2024 aura lieu la sortie nationale au cinéma du film « Il était une fois Michel Legrand » du réalisateur cannois David Hertzog Dessites. Présenté le 18 mai dernier au Festival de Cannes, dans la sélection Cannes Classics, cet hommage émouvant a fait l’objet récemment d’une avant-première à l’auditorium Debussy du Palais des Festivals et des Congrès en présence de la famille de Michel Legrand. Une initiative de David Lisnard maire de Cannes, qui a tenu à souligner le destin hors normes de David Hertzog Dessites.
« Il était une fois Michel Legrand » un film documentaire de David Hertzog Dessites
Ces images fortes et émouvantes passées par le prisme de l’objectif du réalisateur, ont permis au public de revivre le parcours et les derniers moments de Michel Legrand, pianiste, compositeur, interprète, chanteur, producteur, arrangeur et chef d'orchestre, partenaire des plus grands musiciens et dont l'immense talent s'est manifesté à l'international dans tous les domaines de la musique classique, de variété, de jazz ou de cinéma.
Les plus grands succès de Michel Legrand interprétés par l'Orchestre national de Cannes, le pianiste Érik Berchot, sous la direction musicale de Benjamin Levy
La projection du film a été précédée d’un concert au cours duquel l’Orchestre national de Cannes placé sous la direction de Benjamin Levy a interprété un medley des thèmes les plus célèbres de Michel Legrand, accompagné d'Erik Berchot, l'un des seuls pianistes français à avoir remporté le prestigieux concours Chopin de Varsovie, le bassiste Pierre Boussaguet et le batteur François Laizeau, trois des musiciens qui ont longtemps accompagné Michel Legrand dans son fulgurant parcours musical.
La soirée s'est conclue avec la plus grande émotion avec "Les Moulins de mon cœur" de Michel Legrand, musique du film de L'Affaire Thomas Crown de Norman Jewison (1968). Une interprétation d'Erik Berchot, Pierre Boussaguet et François Laizeau.
© Philippe Depetris
« Il était une fois Michel Legrand », réalisation, tournage et projection
Plusieurs années de travail et deux ans de tournage, ont été nécessaires à David Hertzog Dessites, pour mener à bien le projet financier, trouver des producteurs, se plonger dans des milliers d’archives en images et réaliser un montage à marche forcée de trois mois pour pouvoir présenter le film au festival de Cannes.
Interview de David Hertzog Dessites, réalisateur
David Hertzog Dessites, comment est née votre passion du cinéma ?
David Hertzog Dessites : J’ai grandi à Cannes La Bocca dans le quartier de Ranchito et lorsque j’étais petit nous allions avec ma mère regarder de loin les montées des marches lors du festival de Cannes. Elle m’emmenait aussi souvent au cinéma aux Ambassadeurs et à l’Olympia. J’étais déjà fasciné par cet univers de lumières et d’images. Plus tard à son décès, j’ai été engagé en tant que pupille de la nation par la ville de Cannes au service du nettoiement. Et là encore une fois le destin frappait à ma porte puisque j’étais chargé de balayer la nuit les marches du palais. C’était à 4 heures du matin et c’était magique.
Comment êtes-vous devenu cinéaste ?
David Hertzog Dessites : Ma mère à sa mort m’avait légué une petite somme d’argent. J’ai acheté une petite caméra et un banc de montage et j’ai commencé à tourner et à monter des petits films et des interviews. J’ai eu la chance de rencontrer des personnalités comme Lauren Bacall ou Bruce Willis qui ont accepté de se livrer devant mon objectif. Je suis ensuite parti aux Etats-Unis où j’ai réalisé de manière très artisanale un film sur les fans de « Star wars ». J’ai eu la chance qu’il soit remarqué par une télévision et dans la foulée j’ai été engagé pour tourner les « making off » de Belphégor de Jean-Paul Salomé et « Astérix mission Cléopâtre ».
Comment vous êtes-vous intéressés à Michel Legrand ?
David Hertzog Dessites : Il se trouve que mes parents se sont rencontrés sur une chanson de Michel Legrand qui avait réalisé la musique de « L’affaire Thomas Crown ». C’était « The windmills of your mind ». Alors que j’étais dans son ventre ma mère passait ce disque en boucle et je crois que ce n’est pas étranger à ma passion pour Michel Legrand et ses compositions qui provoquaient en moi une sensation de bien-être et les films dont il avait composé la musique dont « Yentl » avec Barbara Streisand. Ces thèmes éternels qui font maintenant partie de l’inconscient collectif m’ont toujours profondément touché et son parcours me fascine».
Et ce fut la rencontre ?
David Hertzog Dessites : Oui je rêvais bien sûr de rencontrer Michel Legrand. Mais cela a pris des années. C’est en 2017 que nos chemins se sont croisés. Je lui ai raconté mon histoire, expliqué mon projet et ce que sa personnalité représentait pour moi et je crois que cela l’a touché. Nous nous sommes revus et il a finalement accepté que je mette ma caméra dans ses pas. Je l’ai suivi deux ans dans sa vie privée comme dans ses déplacements artistiques et ses concerts jusqu’à son dernier concert à la Philharmonie de Paris et sa disparition le 26 janvier 2019 .
Qu’avez-vous retenu de lui ?
David Hertzog Dessites : Son authenticité d’homme et d’artiste. J’ai voulu tracer le portrait sincère de cette personnalité hors du commun qui s’est complètement laissé aller devant ma caméra, de manière très naturelle et qui avait gardé en lui sa part de l’enfant qu’il était. C’est finalement un film testament qui nous offre en héritage son extraordinaire sensibilité à fleur de peau sa volonté farouche de vivre ses rêves et de créer en toute liberté. C’est en ce sens qu’il reste vivant en chacun de nous, par l’émotion qu’il nous offre et les élans d’amour qu’il suscite ainsi que j’ai pu le constater personnellement lors de chacune des projections du film.