- Auteur Joseph Lustro
- Temps de lecture 7 min
Basic Instinct, la révélation Sharon Stone. Un film de Paul Verhoeven (1992)
Basic Instinct fait son retour sur Arte TV, l’occasion de vous raconter son histoire en détails, ses scènes cultes, et l’instinct de survie de Sharon Stone.
Basic Instinct fait partie des films cultes des années 1990. Le revoir aujourd’hui sur le petit écran, laisse le sentiment que ce film n'a pas pris un ride. Réalisé par Paul Verhoeven, avec Sharon Stone (Catherine Tramell), Michael Douglas (Inspecteur Nick Curran), Jeanne Tripplehorn (Dr. Beth Garner). Un film à voir en ce moment sur Arte TV, ainsi que le documentaire Sharon Stone, l'instinct de survie, raconté par Julie Gayet
Durée du film : 121 mn
L'histoire de Basic Instinct, en résumé
Comment ne pas se rappeler de la scène devenue culte de l'interrogatoire de Catherine Tramell jouée par l'actrice Sharon Stone, par les flics fédéraux de San Francisco, avec en tête Michael Douglas, dans Basic Instinct, sorti en 1992.
Les années 1990, la bombe Basic Instinct
Petit rappel pour la nouvelle génération : certains spectateurs des années 1990 ne se sont jamais remis du croisé-décroisé de l’actrice, dévoilant au public son intimité. Pour la petite histoire, on apprendra plus tard, que Sharon Stone avait voulu faire supprimer la scène en voyant les premiers rushs, ce que Paul Verhoeven refusa, prétextant qu'il s'agissait de la base du film.
Sharon Stone reconnaîtra des années plus tard qu'il avait raison.
Basic Instinct Sex, Death & Stone
Effectivement, on apprendra grâce au documentaire Basic Instinct : Sex, Death & Stone (2020) que lors de la fameuse scène des jambes durant l'interrogatoire, Sharon Stone avait accepté d’enlever sa culotte quand Verhoeven lui avait expliqué que la blancheur de son sous-vêtement reflétait l’éclairage de la scène… Mais elle n’a jamais consenti que cette séquence gardée au montage. Ce que Verhoeven s’était bien gardé de lui demander.
Ce film à l'aube des années 90 fut une véritable bombe, thriller érotique où le sexe, l'érotisme, la violence sexuelle, le sang sont omniprésents à l'écran. Pourrait-on faire un film comme cela aujourd'hui ? La question reste posée.
Il faut reconnaître que si Paul Verhoeven a mis le paquet dans ces scènes plus ou moins sulfureuses, il a pu compter sur la plastique impeccable de Sharon Stone qui ne cache presque rien dans le film.
Il avait déjà dirigé Sharon Stone deux ans auparavant dans Total Recall, mais ici, il la magnifie et la filme comme jamais.
N'oublions jamais que Basic Instinct ne serait pas ce qu'il est sans Sharon Stone.
D'ailleurs de multiples avatars auront suivi après sa sortie, mais aucun auront son succès.
Le souvenir de la première vision de Sharon Stone face à l'océan Pacifique, entrain de fumer, est sublime... sa blondeur, son allure, son regard, sa silhouette n'est pas sans nous rappeler une autre égérie d'un grand maître du suspense, qu'était Alfred Hitchcock avec Kim Novack dans Vertigo (Sueurs froides) de 1958. D'ailleurs le film est truffé de références et de clin d’œil, à la fois à Hitchcok, mais aussi au cinéaste Brian de Palma (cf la séquence de l'ascenseur...).
Comme Hitchcock, Verhoeven met son héroïne au premier plan, il cadre à merveille sa beauté, sa légèreté, et elle est vraiment belle, vaporeuse, presque irréelle, mais pas que, elle est aussi intelligente, elle est ambiguë dans sa sexualité, bi et hétéro à la fois, manipulatrice aussi, elle est telle une féline qui joue avec une souris... en l'occurrence la souris c'est Michael Douglas.
Et Sharon Stone incarne à merveille cette femme, elle qui a un QI de 159... c'est elle qui mène le jeu.
Résumer Basic Instinct, aujourd’hui, à un film où l'on voit des scènes de sexe serait très réducteur. Et revoir le film à l’ère post-#MeToo, c’est forcément réviser son regard, et se dire qu'il y a eu vraiment du chemin de parcouru depuis les années 90.
Les années 2000, l'instinct de survie de Sharon Stone
Dans le reportage cité plus haut, Sharon Stone explique parfaitement le combat qu'elle a mené pendant toutes ces années sur la représentation de la femme, la domination masculine, le harcèlement sexuel et in fine le modèle machiste et patriarcal. A cette époque, les studios hollywoodiens ont tous les pouvoirs, c'est la vitrine de l'époque du moment et ceux sont eux qui décident de tout...et les femmes n'ont pas la partie facile, c'est le moins que l'on puisse dire.
L'affaire Harvey Weinstein, qui engendrera le mouvement Meetoo sonnera le glas de toutes ces déviances et abus.
Mais Sharon Stone ne se laissera jamais faire, même si elle avoue à demi mots qu'elle aura connu ces dérives...
Elle aura donc défendu bec et ongles la position des femmes, et Basic Instinct n'aura été ni plus ni moins sa rampe de lancement.
Sharon Stone, icône qui a marqué l'histoire du cinéma des années 90
Elle n'aura alors de cesse de prouver sa valeur aux studios pour exister en tant qu'actrice, mais aussi en tant que femme. Elle aura sa revanche quant elle touchera plus de 14 millions de dollars (le cachet de Michael Douglas dans Basic Instinct) dans le film Basic Instinct 2, où elle tient le premier rôle.
Elle montrera de cette manière le chemin aux nombreuses autres actrices qui suivront les décennies suivantes...d'Angelina Jolie à Cate Blanchett en passant par Meryl Strep, pour en citer que quelques unes, toutes des femmes de tête.
Elle arrivera à ses fins, en étant également tête d'affiche avec Robert de Niro, dans le film de Martin Scorsese, Casino, qui sera l'un de ses meilleurs rôles.
Oui Sharon Stone, dans sa vie comme dans le rôle de Catherine Tramell, mène la danse, c'est elle qui fixe les règles du jeu, domine les hommes, les chevauchent !, et cette émancipation est bien expliquée par Sharon Stone, qui pour être plus libre que jamais, aura du se battre longtemps pour être reconnue.
Alors Basic Instinct, film féministe ?
Là aussi la question reste posée.
Certainement pas en 1993 mais aujourd'hui malgré ce qu'on peut lire à droite et à gauche sur ce qu'a pu représenter ce film à l'époque sur l'asservissement de la femme, le pouvoir des hommes, le harcèlement, le combat des LGBT qui ont manifesté à la sortie du film, le viol, Catherine Tramell alias Sharon Stone, sort bien triomphante du film. Elle est innocentée, elle continue son chemin et garde son destin en main...avec un pic à glace à portée !!
A STAR IS BORN, elle s'appelle Sharon Stone...
A la suite de la projection au Festival de Cannes en 1992, Sharon Stone avouera :
" Je suis rentrée inconnue à la séance, mais à la sortie je suis devenue STAR....".